L’idée d’un restaurant installé dans l’enceinte d’un établissement pénitentiaire est une première en France. Déjà expérimenté en Angleterre (restaurant Clink à Londres) et en Italie (restaurant In Galera à Milan), le concept est porté par l’Association Festin qui, depuis plusieurs années, s’investit dans des projets de réinsertion par le biais de la pratique de la cuisine.

13 personnes incarcérées participent au projet dans un premier temps. Leur peine restant à accomplir est de maximum deux années et tous les candidats bénéficie de l’accompagnement de la structure d’accompagnement à la sortie (SAS).

L’objectif est de viser l’excellence aussi, l’élaboration de la carte a été confiée à Sandrine Sollier et à Michel Portos, chef double étoilé. Volontairement qualitative, la formation prodiguée vise l’excellence et l’implication maximale de tous.

Pour des raisons de sécurité, toute réservation de table est soumise à l’envoi préalable de sa carte d’identité et une vérification de casier judiciaire est systématiquement réalisée en amont. Sur place, là aussi, le lieu impose des conditions particulières : portiques de sécurité, suppression avant l’accès à la salle des téléphones portables et des objets métalliques.

A l’arrivée dans la salle, l’atmosphère est toute différente : matériaux luxueux, ambiance cosy… l’architecture, volontairement ouverte, assume la volonté de rompre les codes entre un univers clos et sombre et ce lieu chic, coloré et ouvert.

Un vecteur de réinsertion

Lieu et démarche hautement symbolique, le concept affirme également son ambition : transmettre des compétences techniques et, au-delà, des valeurs de respect du travail et du travail de l’autre, les vertus de la communication, du respect des horaires…

Le principe est de faire suivre un pôle de 13 détenus par 3 encadrants professionnels ainsi que par un conseiller en insertion afin d’optimiser la formation de tous. Répartis en deux brigades distinctes, le parcours des détenus s’étale sur une durée de 4 mois renouvelable.

Sur l’année, il est donc prévu de faire bénéficier un nombre d’environ 40 personnes de ce programme. Mené en lien constant avec Pôle Emploi et le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP), le retour à l’emploi dès la fin de l’exécution de la peine est clairement visé.

Créer des ponts vers le monde du travail est le premier objectif de cette initiative. Mais parallèlement, créer un lien entre le monde carcéral et le monde extérieur est également primordial dans cette démarche. Rompre, de façon encadrée, la séparation de ces deux mondes en accueillant du public pour démystifier les fausses idées et les stéréotypes est essentiel dans la démarche globale. Les clients découvrent un monde méconnu et rencontrent détenus et membres du personnel pénitentiaire dans un environnement dédié aux plaisirs de la table. Les échanges qui en découlent représentent par eux-mêmes une forme de réinsertion en réintroduisant la notion d’échange et de communication.

La réinsertion est depuis longtemps un mal du système carcéral et toutes les études sur les taux de récidive démontrent toute l’importance de mettre en place des projets permettant un retour encadré des anciens détenus dans la société après acquittement de leur peine. Cette initiative prometteuse mérite qu’on s’intéresse à elle et est porteuse de valeurs saines pour le bénéfice de tous.