Les ouvriers du clic

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Les ouvriers du clic

14 janvier 2019

En ce moment même, pendant la lecture de cette brève, une armée de petites mains disséminée partout dans le monde, clique frénétiquement chaque seconde, nettoyant des bases de données, modérant des contenus sur les réseaux sociaux, classant des mots-clés ou notant diverses applications .. .

Dénommés "Turkers" ou "Clickworkers", ces ouvriers du clic sont pour la plupart des travailleurs indépendants payés à la tâche et grossissant ainsi les rangs de la "gig economy", cette nouvelle économie des « petits boulots » conséquence directe de l’ubérisation de nos sociétés. Face à cette plateformisation de l’économie et pour supporter la croissance des plus grands acteurs du numérique tel que Amazon, Netflix et Airbnb, des plateformes de micro-clics ont été créées pour recruter cette main d’œuvre numérique très bon marché. Selon l’article de Welcome to the Jungle "ils sont, chaque jour, entre 45 et 90 millions à liker, commenter, classer, trier, noter les données de plateformes digitales". Attirant principalement les travailleurs précaires, ceux-ci vendent "très peu cher, leur "intelligence humaine" ; la capacité à identifier, reconnaître, jauger, juger… choses que les IA ne savent pas encore réaliser".

L’Organisation internationale du Travail fait mention de tâches ingrates et répétitives, leurs missions étant de réaliser un maximum d’opérations sur un laps de temps réduit. Ces ouvriers du clic, en sus d’un faible revenu (3,31$ par heure en moyenne), souffrent également d’un statut précaire, sans aucune garantie sociale. Très souvent à la recherche d’un complément de revenu (la plupart ayant déjà un emploi), ces travailleurs sont 88% à vouloir travailler davantage, faisant preuve d’une extrême flexibilité, travaillant souvent de nuit, enchainés à leur ordinateur afin d’être le plus réactif possible et augmenter ainsi leur chance de décrocher des missions.

Face à ce fléau, l’Organisation Internationale du Travail préconise de "revenir aux fondamentaux du droit du travail " "en appliquant le salaire minimum en vigueur dans le pays" ou en permettant "une représentation syndicale". Comme un étrange parfum de retour aux revendications des ouvriers à l’époque Victorienne …

Références :

Article de Welcome to the Jungle

https://www.samasource.org/

Nous vous suggérons également l’écoute du podcast Franceinter du 16 janvier 2019 : Lien vers podcast franceinter