José Maillet : "La transition écologique est aujourd’hui un impensé dans les entreprises"

José Maillet, responsable de Gaïa, première école dédiée aux transitions du XXIème siècle.

Audencia Business School vient de créer Gaïa, la toute première école dédiée à la formation aux stratégies et pratiques managériales à impact positif. Objectif : former les futurs décideurs et les cadres en exercice aux grands enjeux écologiques et sociétaux, pour permettre à l’entreprise de jouer pleinement son rôle dans la gestion des transitions énergétiques, climatiques et sociales. Entretien avec son directeur.

Une école dédiée aux mutations écologiques et sociales, cela n’existait pas encore ?

Toutes les écoles de management s’investissent sur ces questions, mais aucune jusqu’à présent, n’avait été pensée et construite précisément autour des grands enjeux de transition du XXIème siècle. Gaïa sera le lieu de construction de projets professionnels, d’initiatives entrepreneuriales, de travaux de recherche, autour des grandes dimensions de la transition écologique et sociale.

Quel est l’objectif d’Audencia?

Les sujets de RSE sont au cœur des préoccupations et des développements d’Audencia, qui s’est très tôt engagée à former et accompagner des managers responsables. Nous sommes la première école de Management en France à adhérer à l’initiative Global Compact des Nations Unies, et à ce jour la seule grande école estampillée LUCIE, le label RSE français de référence aligné sur la norme ISO 26000. Il nous a semblé que nous étions légitimes pour aider les entreprises à entrer dans les transitions. Il y a là en tous cas urgence. Car les postures des unes et des autres en matière environnementale et climatique ne doivent pas occulter la réalité : la transition écologique est aujourd’hui, dans le réel des entreprises, au niveau de leur management, un véritable impensé. Beaucoup d’entre elles vont se trouver très vite désemparées quand il faudra changer de braquet, répondre aux nouvelles exigences réglementaires et prudentielles des banques et des assurances, former et recruter les bons profils pour exercer les nouveaux métiers nés dans le sillage des transformations à mener. Si elles veulent y parvenir, il leur faut s’emparer des transitions de manière systémique et transversale. Avec Gaïa, nous voulons articuler le management autour des enjeux de transition et non l’inverse.

Quelles disciplines allez-vous mobiliser ?

Les sciences dures (climatologie, énergie, biodiversité...) côtoieront les sciences humaines (histoire, philosophie, sociologie, anthropologie, urbanisme…). Mais aussi des approches plus artistiques, qui vont nous permettre de travailler sur les ressorts narratifs des transitions. En ce qui concerne les partis pris pédagogiques, nous allons favoriser au maximum la dimension expérientielle, en privilégiant les immersions in situ, en sortant les étudiants des amphis. Nous allons proposer des cours en marchant, planter des arbres, visiter des fermes en permaculture. J’ai également pour idée d’emmener les étudiants passer un week-end sans énergie… Nous pourrions également nous tourner vers les tecnholoies émergentes, de type Metavers.

L’école sera ouverte à quels publics ?

Nous avons déjà proposé des ateliers à nos collaborateurs et étudiants. Mais la vraie rentrée aura lieu en septembre 2022. Nous attendons une centaine d’étudiants. Tous les étudiants d’Audencia, en formation initiale et continue, passeront par l’école, via des immersions de différentes durées (un semestre entier pour nos étudiants de Master 1 en cursus grande école). L’école sera également accessible aux étudiants en provenance d’autres établissements et ce, sans condition de diplôme. Nous avons prévu d’ouvrir des cours et des activités gratuites pour toutes les personnes intéressées, ainsi qu’un système de bourse.

En octobre 2021, Audencia et le think tank The Shift Project, qui travaille sur les enjeux de décarbonation, ont lancé le projet ClimatSup Business. De quoi s’agit-il ?

Dans un rapport intitulé “Mobiliser l’enseignement supérieur pour le climat”, le Shift Project a montré qu’en mars 2019, seules 11 % des formations abordaient les enjeux socio-écologiques de manière obligatoire dans leurs formations. Parmi les écoles de commerce, aucune n’avait fait des contenus orientés énergie et climat un passage obligé de leurs enseignements. Le projet ClimatSup Business répond à une volonté de comprendre et de pallier ce manque. L’idée est de faire d’Audencia, durant treize mois, un objet d’études, sous toutes ses facettes : organisation, enseignements, corps pédagogique, modèles et processus de sélection des candidats et d’évolution des parcours, etc. Ce, afin de dresser un diagnostic substantiel qui permettra d’aller plus avant dans la transformation de l’ensemble de ses formations et spécialisations métiers, ainsi que son campus et ses pratiques. Là encore, Audencia fait figure d’école pionnière.