Interview
Marie-Victoire Abbou - Déléguée générale de l’Admical
24 janvier 2022
Devenez, à votre échelle, acteur du changement ?
Vos idées nous intéressent, votre opinion nous importe et votre point de vue est essentiel.
Notre dernier baromètre, réalisé en 2020, confirme que sa hausse se poursuit notamment en provenance des petites entreprises qui représentent deux tiers des mécènes. Aujourd’hui, Admical estime que 9 % des entreprises françaises sont mécènes, pour un montant global compris entre 3 et 3,6 milliards d’euros. Ce qui est à la fois beaucoup et peu comparé à d’autres pays, comme les Etats-Unis, où le mécénat est largement plus développé.
Une enquête menée en pleine pandémie a montré que, malgré leurs propres difficultés, les entreprises se sont largement mobilisées en 2020 notamment auprès du monde associatif et hospitalier. Et, dans ce contexte, le mécénat s’est affirmé comme un des canaux d’engagement prioritaires.
C’est trop tôt pour le dire. Le prochain baromètre prévu à l’automne 2022 nous permettra d’observer les évolutions à plus long terme.
Cette loi limite, d’un côté, la réduction d’impôt pour les entreprises dont les dons sont supérieurs à 2 millions par an, mais elle l’augmente aussi, de l’autre, pour les plus petites, en doublant leur plafond. Ce second point a malheureusement été oublié dans le débat médiatique.
Nous aspirons tous à ce que le système économique et financier change en profondeur vers une meilleure répartition de la richesse. Reste que le mécénat est un formidable outil au service du bien commun. Créateur de liens, facteur d’innovation sociale, il apporte des ressources financières et humaines au monde associatif et à la société. Et il évolue vers un accompagnement structurel et plus seulement de projet.
Il n’est pas chahuté, il évolue.Aujourd’hui, les directions de la RSE et du mécénat se rapprochent au sein de directions de l’engagement. Le mécénat est ainsi davantage piloté en cohérence avec la stratégie de l’entreprise et en lien avec son cœur d’activité. Néanmoins, les entreprises doivent être vigilantes à bien distinguer leur rôle social en tant qu’entreprise et leurs actions au bénéfice de l’intérêt général. C’est la limite à l’alignement avec la RSE.
Le mécénat peut aussi apparaître comme « la danseuse du président » notamment dans le secteur culturel marqué cette année par l’ouverture du musée parisien de François Pinault…
Dans les actions de mécénat, la personnalité et l’intérêt pour certaines thématiques du dirigeant et propriétaire d’une entreprise ont toujours été importants. Mais aujourd’hui, le mécénat d’entreprise relève davantage d’une stratégie que d’un coup de cœur individuel. Il y a la volonté d’inclure toutes les parties prenantes de l’entreprise et d’aller là où il y a des besoins notamment dans le secteur social.
La culture reste aujourd’hui encore le deuxième domaine soutenu par les mécènes après le social et devant l’éducation. Si certaines entreprises ont été contraintes de se désengager du secteur culturel pour des raisons économiques, les mécènes ont, au même titre que les citoyens, pris conscience du besoin individuel et collectif de culture, du rôle essentiel des artistes et de l’existence d’une économie de la culture qui fait vivre de nombreux territoires.
L’Etat reconnaît que c’est un moyen à la portée d’entreprises de toutes tailles alors que le secteur associatif est dans le besoin. C’est aussi une attente des collaborateurs, un moyen différent d’incarner les valeurs de l’entreprise, d’apporter du sens. Un des enjeux cependant est que ce type de mécénat réponde au mieux aux besoins des associations. Elles ont parfois davantage besoin de bénévoles, d’adhérents et de soutien financier que de compétences ponctuelles.
Oui les entreprises mécènes ont envie d’agir collectivement pour amplifier leur impact. La puissance publique est également plus ouverte aux partenariats entre le public et le privé. Admical souhaite ainsi accompagner ce mouvement. Nous lançons d’ailleurs début 2022 un incubateur de projet de mécénat collectif à destination des entreprises et des acteurs publics.
Au sein des entreprises, le mécénat est parfois confié à des salariés en reconversion qui ont besoin d’être formés quand d’autres ont besoin de se perfectionner. Il existe donc un véritable enjeu de professionnalisation et de montée en compétences pour le mécénat d’entreprise. Nous allons d’ailleurs, en 2022, renforcer notre offre de formation à destination des mécènes et de leurs équipes.
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