Interview
Cette interview fait partie du dossier :Coach spécialisée en reconversion professionnelle
17 mars 2021
Devenez, à votre échelle, acteur du changement ?
Vos idées nous intéressent, votre opinion nous importe et votre point de vue est essentiel.
Dans le monde du travail, ce terme désigne des personnes d’une grande curiosité qui développent des intérêts divers et des compétences variées. Ce sont des natures touche-à-tout aux CV non linéaires. Rien à voir avec les surdoués auxquels ce terme fait parfois référence.
Même si les mentalités évoluent, les entreprises ou les cabinets de recrutement les considèrent volontiers comme des "bons à tout, bons à rien". Depuis la seconde guerre mondiale, le modèle de réussite professionnelle s’est en effet construit sur la spécialisation. Choisir un métier et suivre des études supérieures spécifiques est le combo gagnant dans la quête d’un emploi qualifié assorti d’un bon salaire. Le spécialiste, c’est l’expert, le sérieux, le professionnel. Il inspire confiance et rassure son interlocuteur.
Beaucoup le sont sans le savoir et tentent à tout prix de rentrer dans le moule. Pour trouver leur place, ils vont étouffer leur nature, porter le masque du spécialiste et devenir, in fine, des multipotentiels malheureux.
C’est quelqu’un qui s’assume, comme tel, et qui croit en lui. Le multipotentiel doit faire le deuil de plusieurs croyances négatives qui lui mettent des battons dans les roues : il peut vite se qualifier d’indécis, d’instable et de moyen en tout parce qu’il fait l’erreur d’associer compétence et spécialisation.
Il considère son envie constante de changer de poste ou de métier comme un échec, celui de s’être trompé et de ne pas avoir trouver sa voie. Frustré dès qu’il fait un choix, il est par ailleurs très souvent touché par le syndrome de l’imposteur : il doute de ses capacités, attribue le succès de son travail à des éléments extérieurs et pense que son incompétence va être démasquée.
Le multipotentiel est doté d’une curiosité qui le pousse sans cesse à découvrir et à apprendre. Il a un mode de pensée différent, en arborescence. Chaque idée crée une autre idée et ainsi de suite. Ce qui lui permet de faire des ponts, des associations, des liens entre différents sujets. Il a facilement une vision panoramique d’une situation.
Cette pensée en arborescence nourrit sa créativité et fait de lui une personne innovante. Or nos entreprises ont plus que jamais besoin de collaborateurs capables de penser différemment. Le multipotentiel possède également une grande capacité d’adaptation professionnelle développée par ses différents centres d’intérêt et la variété de ses expériences. Un savoir-être également très prisé par les entreprises. Qu’elle que soit leur taille ou leur secteur d’activité, elles doivent aujourd’hui s’adapter et innover pour faire face aux évolutions économiques, climatiques et sanitaires. Or le multipotentiel, qui apprécie la nouveauté et l’apprentissage, a nettement moins peur du changement que les profils spécialistes. Ainsi, lorsque l’entreprise doit changer de cap, ces profils s’avèrent essentiels.
Oui et on le sait, les recruteurs, les managers, les dirigeants et les responsables RH prêtent dorénavant une attention toute particulière à ces compétences et aptitudes comportementales, humaines et personnelles. Elles sont aujourd’hui jugées tout aussi voir plus importantes que les compétences techniques. La créativité, l’adaptabilité, la capacité à résoudre des problèmes complexes ou encore l’intelligence émotionnelle comptent, selon LinkedIn, parmi les soft skills les plus recherchées en 2020 par les entreprises. Une bonne nouvelle pour les multipotentiels.
Il vaut mieux leur confier des postes transverses qui demandent d’interagir avec d’autres services ou d’intervenir sur des missions diverses. Mieux vaut également les tenir en haleine, les inscrire dans un plan d’évolution, les stimuler avec des challenges ou leur offrir une formation qui développe leurs compétences. Il risque, sinon, de s’ennuyer et de partir.
C’est vrai que la plupart finissent par se lancer dans l’entrepreneuriat. S’ils se tournent vers l’entreprise, ils devront identifier celles dont la culture managériale est fondée sur l’autonomie et la confiance. Et celles qui répondent à leur quête de sens. Le job de rêve n’existe pas mais une chose est sûre : le monde du travail est en profonde mutation et ces changements sont aujourd’hui favorables à ces profils atypiques.