Rencontre avec Aude Baguenier et Christine Boulanger

Le bailleur social 3F a fait appel à Visages d’en faces pour réaliser des portraits dessinés de 24 collaborateurs représentant différents métiers de l’entreprise. L’objectif : compléter un référentiel métiers par une approche humaine et incarnée. Cette opération de communication interne rencontre un franc succès auprès des collaborateurs.

Rencontre avec Aude Baguenier, responsable de projets développement RH chez 3F et Christine Boulanger, fondatrice de Visages d’en faces.

« A travers ces portraits nous cherchions à sortir d’une communication formelle d’entreprise, à proposer des témoignages authentiques, sur le ton de la conversation »

Aude Baguenier

Comment avez-vous choisi les 24 métiers ?

A.B. L’entreprise s’organise autour de trois grandes filières : la gestion d’entreprise, la maîtrise d'ouvrage et la gestion immobilière. Nous souhaitions représenter la diversité des métiers dans les trois filières, avec un fort effectif et donc le besoin d’attirer des candidatures. Nous voulions présenter des hommes et des femmes, provenant du siège et des différentes entités régionales, fraichement arrivés dans le groupe ou au contraire des anciens, témoignant d’un parcours de mobilité dans l’entreprise. Nous avons procédé par itération avec les collègues gérant les différents services et transmis les coordonnées des personnes volontaires à Christine.

Qu’avez-vous mis en place pour travailler dans ces conditions si particulières à savoir intégralement en visioconférence ?

CB. Initier une nouvelle collaboration à distance est un défi. Avant la pandémie je me déplaçais partout en France pour une autre structure de plusieurs milliers de collaborateurs, en Bretagne, en Corse, à l’est, à l’ouest. C’était passionnant, fatiguant et sans doute plus facile d’entrer dans le quotidien des gens. 

Nous avons réussi à mener ce projet en distanciel de A jusqu'à Z, y compris pour les entretiens individuels. Plusieurs personnes m’ont d’ailleurs confié être plus à l’aise pour l’entretien chez elles, derrière leur écran. A cela s’ajoute ma pratique d’une méthode d'écoute active, encore plus précieuse à distance, mon expérience des organisations et les compétences artistiques acquises à l'école d’arts appliqués Olivier de Serres. 

En revanche l’écran déforme les visages, cela nécessite d'adapter le dessin. En général je démarre le croquis à distance puis je termine d’après la photographie.

Quels objectifs vous êtes-vous fixés pour ce projet ?

A.B. Avant tout nous voulions attirer l’attention des collaborateurs 3F sur les portraits diffusés puis sur l'ensemble des référentiels emploi, fraichement finalisés. Ils sont mis à leur disposition que ce soit pour un changement d’emploi, un nouveau recrutement ou tout simplement pour mieux comprendre les métiers avec lesquels ils interagissent. A travers ces portraits nous cherchions à sortir d’une communication formelle d’entreprise, à proposer des témoignages authentiques, sur le ton de la conversation.

CB. Les portraits dessinés sont en eux-mêmes une médiation pour se voir autrement. On peut valoriser les textes en les accompagnant à travers différents angles : le métier, la région, le parcours et les   obstacles surmontés, les compétences comportementales. 

Comment mesurez-vous les résultats de ce projet ?  Quels ont été les retours d’expériences des salariés ?

A.B. En 2021 la page « emplois et compétences » a totalisé près de 3000 vues de septembre à décembre. Lors de l’ouverture de la galerie de portraits, la rubrique a totalisé près de 500 clics, un excellent chiffre par rapport aux autres consultations.

Nous avons eu de bons retours des salariés interviewés, quant à la capacité de Christine à créer un espace de dialogue. Ils ont apprécié la valorisation de leur parcours professionnel et ont reçu des messages positifs de leurs collègues, même à distance. Pour ne citer qu’un exemple le technicien support utilisateurs au sein de la hot line informatique s’est vu gratifier de commentaires tels que « ton métier est très utile ; tu nous aides beaucoup au quotidien ».

CB. Une des personnes interviewées m’a confié avoir l’impression que je connaissais son métier, une autre que ses collègues se sentaient représentés à travers son portrait. C’est important et c’est une véritable responsabilité ! Les portraits contribuent à créer un sentiment d’appartenance. Du point de vue de l’entreprise, l’information n’est plus uniquement descendante, elle comprend aussi cette parole donnée aux collaborateurs. On peut ensuite les utiliser à travers une communication digitale ou à l’occasion d’expositions physiques. Certains collaborateurs m’ont raconté s’arrêter davantage sur les dessins présentés sur l’Intranet et apprécier particulièrement mon travail sur le regard. Le dessin attire l’attention, il se distingue de la masse d’information que nous traitons tous chaque jour.