Vincent Fleury, fondateur de Learnin Games

Interview

Vincent Fleury, fondateur de Learnin Games

Fondateur de Learnin Games

8 septembre 2022

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« A travers le jeu on fait vivre des expériences aux salariés qu’ils ne vivront peut-être jamais dans la réalité et ainsi lon gagne du temps. »

Vincent Fleury conçoit des jeux pour aborder des problématiques propres à chaque entreprise. Management, sécurité, amélioration continue…L’approche ludo-pédaogique permet d’expérimenter, d’aborder des notions complexes, d’apprendre par l’erreur. Rencontre avec le créateur de Learnin Games.

Comment en êtes-vous venu à créer des jeux pour les entreprises?

L’histoire démarre il y a 20 ans, j’étais salarié dans une grande entreprise du secteur de l’automobile. Le défi consistait à former un grand nombre de personnes (1200 salariés), de niveaux hiérarchiques très différents aux enjeux de la sécurité. Afin de pouvoir le faire de façon efficace et nous appuyer sur des animateurs internes, un consultant nous accompagnant nous a proposé la solution du jeu, un outil facile à utiliser. C’était très novateur à l’époque, et comme c’était efficace, j’ai poursuivi le développement de jeux dans d’autres postes.

Comment intervenez-vous concrètement?

Les premières discussions se font autour d’un besoin identifié, la formation que dispense l’entreprise à ses salariés ne convient pas ou plus, surtout dans la forme. Elle mériterait d’être plus efficace, plus concrète.

Ensuite, le schéma est assez classique, on commence par identifier le contexte et les objectifs, avant d‘échanger sur les solutions et les formats possibles. Je travaille avec les équipes du client, impliquées dans toutes les étapes de la conception. Il est extrêmement important que le jeu soit adapté à la cible et que la culture particulière de l’entreprise y transparaisse.

Une fois tout cela validé on entre dans une phase de pure créativité pour imaginer un support à la fois décalé par rapport à la réalité de l’entreprise et qui permette de transmettre  les savoirs nécessaires. Je m’appuie parfois, en fonction de la complexité du support, sur des talents externes, des illustrateurs, graphistes mais aussi des serruriers, des plasturgistes…

Enfin, la configuration idéale consiste à avoir des animateurs propres à l’entreprise, en capacité d’animer le jeu en autonomie.

Quelles compétences doivent avoir ces animateurs en interne ?

Ils doivent être suffisamment ouverts, en mesure d’aller chercher des réponses, de ne pas se laisser désarçonner par des questions. Certains se révèlent en participant à la formation, d’autres sont déjà en position d’animation

Je me charge d’identifier, de valider et de former ces animateurs, de leur transmettre les connaissances nécessaires à l’animation du jeu, de répondre aux principales questions. Je reste bien sûr le référent si le client rencontre des difficultés particulières ou s’il a besoin d’éclaircissements.

Quapporte l’approche ludo-pédagogique dans la résolution de problématiques concrètes de l’entreprise?

Le premier avantage consiste à transmettre des notions complexes aux personnes participant à la formation via le jeu. La forme ludique permet de rentrer dans l’action, de toucher concrètement les concepts. Participer, permet de comprendre, de mémoriser et de se tromper. On peut prendre des décisions potentiellement dramatiques, notamment en matière de sécurité, mais l’impact va être nul car l’on reste dans un jeu. Pour autant la mécanique d’apprentissage est bien là. A travers le jeu on fait vivre des expériences aux salariés qu’ils ne vivront peut-être jamais dans la réalité et l’on gagne du temps.

Pouvez-vous nous donner un exemple de jeu et de problématique résolue ?

J’ai créé un jeu dont l’objectif était d’acculturer une population industrielle à la sécurité et à la prévention. Dans cette entreprise de 900 personnes sur plusieurs sites, les salariés n’avaient jamais entendu parler de sécurité auparavant. Il s’agissait de former un spectre très large de personnes, des managers aux caristes. Nous sommes  partis de la politique sécurité du dirigeant, et par le jeu nous avons abordé les éléments clés d’un système  : document unique et analyse de risque, audit, analyse des faits accidentels, gestion des situations d’urgence, formation aux postes. Le point de départ que constitue le jeu permet de faciliter la mise en place d’autres outils, la compréhension, de s’approprier les outils. En l’espace de deux ans, l’entreprise a constaté des résultats très concrets, notamment la baisse du taux de fréquence des accidents de 42%.

Quels peuvent être les freins à la création d’un jeu adapté aux besoins de l’entreprise?

Il n’y a pas véritablement de frein excepté peut-être le nombre de salariés concernés. Pour former dix personnes, cela peut ne pas être « rentable » de créer un jeu. En revanche si l’on part sur un jeu existant, la question du nombre ne se pose pas.

L’achat du jeu a certes un coût mais en contrepartie le client obtient un support physique qui a de la valeur. A cela s’ajoute la capacité à déléguer l’animation en interne, une acculturation sur le sujet de la formation, une implication des équipes, la révélation de talents. La montée en compétence de salariés, qui se retrouvent en position d’animation se traduit par une mise en lumière vis à vis de leurs pairs et du reste de l’équipe. Cela nécessite bien sur de gérer ces montées en compétence.