Logiquement, la majorité des articles s’intéresse d’abord aux moyens à mettre en place pour permettre au système économique, contrarié par les limitations sanitaires, les mesures de confinement ou la rupture des chaines d’approvisionnement, de continuer à fonctionner normalement. Mais au-delà de ces réactions logiques face à un tel danger et à une telle remise en question, la crise du COVID-19 est abordée à travers 5 principaux thèmes : l’entrepreneuriat, l’innovation, la transformation digitale, le leadership et la résilience.

Culture entrepreneuriale

Les entreprises les plus immédiatement en danger avec l’apparition du COVID-19 ont été les petites entreprises et les petits commerces et donc les créateurs d’entreprises. Les articles qui tentent de comprendre leurs difficultés et les mesures à prendre pour les aider et les soutenir sont nombreux. Mais au-delà de ces aides, le plus intéressant concerne la mise en avant de l’entrepreneuriat qui est présenté comme un modèle à suivre et comme un exemple de résilience pour les autres secteurs de l’économie. Une approche qui en dit long sur la place grandissante et désormais très positive de la création d’entreprise dans la société actuelle et sur le développement d’une forte culture entrepreneuriale.

Qualités de leadership et résilience

Les thèmes du leadership et la résilience renvoient aux qualités nécessaires pour faire face à une crise de cette ampleur. Concernant le leadership, beaucoup d’articles mettent en avant les défis des managers pour incarner un management participatif et inspirer ses collaborateurs tout en étant capable de gérer des défis nouveaux qui remettent en question convictions et schémas mentaux. Le défi est de taille et il est difficile de ne pas y voir un lien avec le nombre déclinant de personnes qui expriment actuellement l’envie de devenir « manager »… La résilience apparait de son côté comme la qualité désormais nécessaire pour une organisation et un individu pour faire face à des épreuves de la force et de l’intensité du COVID-19. Alors qu’il est probable que des crises de ce type ou de cette intensité se reproduisent de plus en plus souvent, on constate ainsi que les théories sur la résilience sont de plus en plus sollicitées pour tenter de comprendre comment faire des organisations actuelles des organisations résilientes.

Innovation et transformation digitale

Les thèmes de l’innovation et de la transformation digitale font écho aux moyens à employer pour faire face à une crise comme le COVID. Contrairement à ce que l’on pourrait anticiper, l’innovation ne se réduit pas à sa dimension technologique ou digitale et l’accent est mis sur les innovations managériales et la nécessité de mettre en place une culture de l’innovation au sens large. Enfin, à travers la transformation digitale, c’est surtout le concept de plateforme et son impact sur l’ensemble des chaines de valeur qui sont soulignés.

Alors que les effets de la crise climatique et environnementale ne cessent de s’amplifier et constituent un défi sans précédent pour les organisations et leurs dirigeants, quelles conclusions tirer de telles recherches sur la crise précédente ? Au-delà des thèmes identifiés et mis en avant, c’est leur traitement qui étonne parfois. Beaucoup d’articles semblent clairement promouvoir une approche visant à revenir à un « business as usual » et appréhendent donc la crise du COVID comme un phénomène marqué dans le temps qui ne pose pas de questions de fond sur notre modèle économique. Les questions sur l’utilité des innovations ou sur les effets pervers, notamment environnementaux, de la transformation digitale ne sont, par exemple, jamais abordés.

Et c’est bien là que le bât blesse : alors qu’une crise plus profonde et plus dangereuse que celle du COVID-19, met actuellement en lumière les incohérences et les points faibles d’un modèle économique basé sur une croissance illimitée, il ne pourra être fait l’économie d’une réflexion sur les raisons structurelles de tels événements. C’est dans cette direction que devront s’orienter les recherches en stratégie si elles aspirent à alimenter la réflexion sur un modèle viable, économiquement et environnementalement.