Portrait
Chargé de mécénat
3 septembre 2021
C'est à l'université Paris-Dauphine qu'Adrien Franceschi entame une formation généraliste en gestion. Passionné par le monde de la culture, il complète son cursus avec un mastère spécialisé en management culturel, qui lui donne la chance d'étudier à ESCP-Europe et à Venise. En Italie, il s'immerge dans cet environnement singulier et conforte son désir d'y évoluer professionnellement. “Le challenge, c'était de trouver le métier adapté à mes compétences, à mes affinités aussi. Être chargé de mécénat et de partenariats était une suite logique : cela faisait appel à mes capacités commerciales avec, pour but, d’aider les organisations culturelles à se développer en trouvant des financements privés.”
Il commence sa carrière à la RMN-GP (Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais), où il développe son réseau professionnel. Il rejoint le musée du Louvre quelques mois plus tard et se trouve aujourd'hui responsable du mécénat et des partenariats commerciaux. “La particularité du Louvre, pionnier en ce sens, est d'avoir une vraie politique à destination des entreprises. Le mécénat a été institutionnalisé en 2003 par la loi Aillagon, avec des contreparties financières, des réductions fiscales... C'était une optique philanthropique plutôt que commerciale. Depuis peu, le Louvre a développé une véritable stratégie de valorisation de marque, en multipliant les contrats de parrainage et de licence. Notre rôle, aujourd'hui, est de trouver des partenaires avec lesquels on partage les mêmes valeurs et la même vision. On ne s'associe pas avec n'importe qui.”
Ces partenaires divers – entreprises, fondations, grands donateurs – permettent au musée de financer de nombreux projets. “C'est du donnant-donnant stratégiquement et cela dénote d'un véritable engagement en faveur de la culture.” D'un point de vue juridique, les contrats de parrainage sont comparables au sponsoring dans le milieu du sport. “Des entreprises du type DS Automobiles ou Uniqlo permettent également de toucher un public plus large. Bien entendu, notre rôle est aussi d'être garant de l'image du musée. Nous sommes très vigilants, tout est très encadré. Lorsque les collaborations sont pérennes, cela permet de générer des recettes stables pour l'établissement. Ces ressources vont aider à la réalisation d’expositions, bien sûr, mais aussi au réaménagement de certaines galeries ou au développement de programmes en faveur des publics du champ social.” Les musées connaissent actuellement en France une baisse des subventions, et la crise sanitaire, bien sûr, n'arrange rien. “Nous avons été très impactés. On chiffre à plus de 90 millions d'euros de pertes de recettes pendant les différentes périodes de confinement. L'apport du mécénat, du parrainage et des contrats de licence est donc tout sauf anodin : il se situe entre 10 et 15 millions d'euros au total, sur un budget d’environ 220 millions d'euros par an pour le Louvre.” Son orientation professionnelle, Adrien Franceschi la recommande sans hésiter. “C'est un métier d'avenir. On a vraiment besoin du soutien et de la participation du privé dans les initiatives muséales, et plus généralement dans le monde de la culture. Et puis c'est un champ professionnel qui fait appel à des compétences de management, à des qualités commerciales aussi. J'aime l'idée que mon travail contribue à la réalisation de belles expositions ou à l'acquisition de nouvelles œuvres. Cela me motive et me conforte dans l'idée que j'ai choisi la bonne voie professionnelle.”