Anne-Sophie Tuszynski

Portrait

Anne-Sophie Tuszynski

Dirigeante de Wecare@work

19 novembre 2021

A l’occasion de la Semaine européenne de l’emploi des personnes handicapées, l’Observatoire de la compétence métier met en avant des personnalités, qui chacune à leur manière, oeuvrent activement à faire bouger les lignes sur le front de l’emploi des personnes handicapées. Et leur combat est quotidien car malgré la loi handicap de 2005 imposant l’obligation d’employer 6% de travailleurs handicapés, on est toujours très loin du compte. Le taux d’emploi des PH n’est encore que de 3,5 % selon la Dares (étude novembre 2021). Autant dire que Lucie Caubel, Charlotte Tourmente, Pauline Chevalier, Anne-Sophie Tuszynski, Dominique Farrugia, Yan-Eric Delpech de Frayssinet… ont encore du pain sur la planche. Portraits inspirants et engagés.

Wecare@work

"Je suis une jeune start-uppeuse de 50 ans" ! Le décor est planté. Et Anne-Sophie Tuszynski de préciser, "je suis dirigeante, travailleur handicapée, d'une start-up qui accompagne les entreprises à mieux concilier maladies et travail". Voilà pour le rapide résumé de Wecare@work. Et elle n’a pas embrassé ce sujet par hasard. "J'ai moi-même été touchée par un cancer du sein en 2011. A 39 ans, alors que je conseillais des dirigeants et DRH dans leurs recrutements stratégiques, j'ai été confrontée aux enjeux professionnels et personnels (mère de 3 jeunes enfants) que soulèvent une période de maladie. Avec une parole libérée, qui n'était pas de mise à l'époque, j'ai abordé la maladie et me suis aperçue, qu'une chape de plomb entourait le sujet", se souvient-elle. A cause de ce tabou, de cette absence de prise en compte de la maladie dans le monde du travail et de la non-considération de la vie professionnelle dans le parcours de soin, de nombreuses personnes abandonnent l'emploi après la maladie. "Pour les cancers, c'est un salarié sur trois qui quitte son emploi 2 ans après le diagnostic selon l'étude Vican 2. Quand on sait que près de 1200 personnes apprennent chaque jour qu'elles ont un cancer et que près de la moitié d'entre elles travaillent... les chiffres sont vertigineux !", décompte-t-elle. 

De là est partie sa réflexion et, face à l'absence de solutions, sa volonté d'agir, pour elle et pour tous les malades. Et de citer les propos d’une personne malade rencontrée récemment : "à quoi ça sert de soigner les gens si c'est pour qu'ensuite on les vire et qu'ils n'aient plus de place dans la société". Au quotidien, elle constate que les mentalités évoluent. "Le temps de la « longue et douloureuse maladie" est révolu, bien heureusement. On accepte plus volontiers de mettre des mots et de lever les tabous, même si un salarié sur deux considère encore que parler de maladie au travail est un sujet tabou. La gestion des entreprises se fait encore trop souvent au cas par cas, en "mode pompier" mais les dirigeants, les managers et les RH sont en demande d'accompagnement et plus ouverts à la question de l'inclusion. Beaucoup se sentent démunis face à l'annonce et l'organisation de l'absence et/ou du retour d'un salarié malade. Si les barrières sont toujours là, elles ont diminué et notre époque impose aux entreprises de faire évoluer les mentalités sur le sujet", conclut-elle, déterminée à continuer de faire bouger les lignes grâce à son entreprise à mission !