CoopVenture, un fonds innovant d’investissement coopératif

Portrait

CoopVenture, un fonds innovant d’investissement coopératif

CoopVenture

25 juin 2021

En 2020, les Scop (Sociétés coopératives de production) et les Scic (Sociétés coopératives d'intérêt collectif) affichent de beaux scores : 67.200 emplois créés, en hausse de 6% sur un an. Et un chiffre d’affaires de 6,3 milliards d’euros, en croissance de 8%. Justice sociale, gouvernance partagée, ancrage territorial, leurs valeurs séduisent les citoyens. Qu’ils soient entrepreneurs, syndicalistes, militants, écologistes ou consommateurs éclairés, ils trouvent ici un nouveau levier d’action pour changer la société. Six d’entre elles, nouvellement créées, ont trouvé des solutions concrètes aux grands maux de notre époque dans des secteurs aussi différents que la santé publique, le ferroviaire, le textile et les télécoms. Elles s’appellent La Coop des masques, Telecoop, VirgoCoop, CoopCycle, Railcoop et CoopVenture. Voici leurs portraits.

Certains entrepreneurs du numérique misent sur le long terme et un développement éthique. Comment, dans ces conditions, lever des fonds ? Coop venture a été créé à leur intention. C’est le tout premier fonds d’investissement coopératif. Innovant.

Unique en France, CoopVenture est un fonds d’investissement coopératif lancé en mars 2021 dans la région de Grenoble. Ses fondateurs - le Mouvement Scop, la French Tech in the Alps-Grenoble et la Scop grenobloise Alma, éditeur de logiciels– partageaient le même constat : il manquait un fonds adapté aux entrepreneurs du numérique en quête d’un autre modèle d’entreprise. "Ils sont de plus en plus  nombreux à souhaiter concilier performance économique, épanouissement personnel et partage des décisions et des richesses", commente Laurence Ruffin, présidente de CoopVenture et PDG D’Alma. Or comment favoriser l’amorçage et le développement de ces jeunes pousses éthiques ? "Dans le modèle classique du fonds d’investissement, la revente rapide de startups à succès alimente le fonds et finance les investissements réalisés sur celles qui ont échoué", explique Laurence Ruffin. Une approche peu adaptée au statut des coopératives qui limite la possibilité de revente avec plus-value. "Tous les entrepreneurs ne souhaitent pas, par ailleurs, perdre le contrôle de leur entreprise et s’en séparer à court terme", ajoute Laurence Ruffin.

Restait à trouver l’outil financier adéquate. Après une étude de marché, les fondateurs se sont portés sur deux modèles existants qu’ils ont associés de manière inédite : le fonds patient qui investit sur de longues périodes et le fonds Evergreen. Avec lui, les startups financées – de 150 K€ à 300 K€ par projet - ne remboursent pas le fonds. Elles acquièrent des parts de son capital au rythme de leur croissance pour en assurer la pérennité. "Après 3, 5 ans de développement, elles réinvestiront 2 à 4 fois les sommes reçues sur une période de 7 à 10 ans", précise Laurence Ruffin. Pour démarrer, Coop Venture, a mobilisé la somme de 4,425 millions d’euros financés par la Confédération générale des Scop, le Crédit Coopératif, trois Scop (Alma, groupe Up et IDEA Groupe) et deux collectivités (Grenoble Alpes-Métropole et la Communauté de communes du Grésivaudan). Les bénéficiaires seront sélectionnés en juin parmi les 44 entreprises d’ores et déjà candidates. « C’est une phase d’expérimentation au niveau régional, mais notre fonds est bien national» commente Laurence Ruffin.

Une prochaine levée de fonds de 16 millions d’euros est d’ailleurs envisagée. Elle permettra à Coop Venture de passer d’ici à 2022 à l’échelle du pays.