Portrait
Handipreneur
24 juin 2022
Jean-Philippe Murat était un entrepreneur dynamique. Il est aujourd’hui un handipreneur très actif qui se bat sur plusieurs fronts pour intégrer au mieux les handicapés, indépendants et salariés, dans le monde du travail.
« Le 5 juin 2006, j’étais un multi-entrepreneur hyperactif de 37 ans en pleine réussite. Le 6 juin, j’étais tétraplégique, faute à un mauvais plongeon dans une piscine », raconte Jean-Philippe Murat.
Aujourd’hui, handipreneur, Jean-Philippe Murat multiplie les conférences, les accompagnements en entreprises ou les séances de coaching pour démystifier les handicaps, changer les regards et aider, tout un chacun, à surmonter les épreuves.
Jean-Philippe Murat est également expert et ambassadeur sur les questions du handicap auprès de différentes institutions comme le CNCPH (Conseil National Consultatif des personnes handicapées).
A ce titre, il a remis au gouvernement un rapport sur le financement des entrepreneurs handicapés. «Les banques leur prêtent rarement de l’argent, explique-t-il. Et quant elles en prêtent, l’assurance de prêt leur est facturée 30 à 40% plus cher». Une solution est à l’étude : un fond de garanti de la BPI qui viendrait cautionner ces prêts.
De quoi épauler ceux qui souhaitent rejoindre les 75 000 handipreneurs français. « Depuis la loi Pacte, on enregistre, chaque année, 2000 créations ou reprises d’entreprise par des handicapés », indique Jean-Philippe Murat, par ailleurs fondateur de l’association « les handipreneurs ».
Les entreprises et administrations qui ne respectent pas les 6% d’emploi de personnes en situation de handicap – et elles sont nombreuses – peuvent en effet faire appel aujourd’hui à des indépendants et non plus seulement aux entreprises dites « adaptées » pour sous-traiter des services aux handicapés.
Une avancée qui cache en réalité le grand retard français en matière d’inclusion. « En sous-traitant, les organisations s’exonèrent du paiement d’une taxe pour non atteinte du quota légal des 6%. Or il faudrait une mesure qui les incite vraiment à intégrer des handicapés au sein de leurs équipes », commente Jean-Philippe Murat. D’autant que des dispositifs nouveaux d’accompagnement ont été mis en place. Jean-Philippe Murat propose, par exemple, du « jobcoaching » pour faciliter leur insertion professionnelle (évaluation des besoins, accompagnement in situ, aménagement du poste….). Ou encore des « duos de compétences », forme de mentorat entre collaborateur valide et collaborateur handicapé. Les solutions existent. Reste à les mettre en œuvre.