Comment les associations attirent-elles les talents des grands comptes ?

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Comment les associations attirent-elles les talents des grands comptes ?

17 mars 2023

Il existe un paradoxe incroyable : les entreprises voient leurs cadres partir dans des associations à but non lucratif. Comment des cadres bien payés, au confort de travail privilégié, aux relations professionnelles riches, peuvent-ils quitter un tel cocon pour se lancer ailleurs ? Tout le monde parle de la quête de sens, mais quels sont les signes d’un ras-le bol sans équivoque ? Ceux qui décident de tourner les talons le font pour des tas de raisons. Je vous propose de le découvrir en 3 grandes étapes de changement de mindset.

Pourquoi décider de quitter les grands comptes ?

Les grands groupes recrutent en volume, ils restent les premiers recruteurs de diplômés tout en offrant des conditions de travail généreuses et intellectuellement intéressantes. Pour bénéficier d’une mission et d’un salaire confortables, point de secrets : prouvez vos compétences par des performances régulières ET soyez doté d’un savoir être solide, vous serez adulé. Votre rapidité du traitement dans les tâches, votre résistance à toutes les pressions, votre compréhension des enjeux de l’entreprise au-delà de votre mission, la capacité à assumer une visibilité internationale (attention l’erreur est fatale), être multilingue, enfin ne pas être regardant sur les horaires, sont autant de soft skills incontournables. Le petit plus ? Etre force de propositions dans les chantiers RSE, sans contrepartie de temps de travail ou de salaire. Vous devenez alors le salarié idéal.

Si l’acquisition de titres honorifiques saupoudrés de sujets écologiques peuvent satisfaire les salariés en quête de sens, il y a une contrepartie qu’ils ne vivent pas bien : le gel des primes pour des raisons confuses ou exogènes, la stagnation de carrière, la mise au placard ou le harcèlement sous toutes ses formes, le refus de congés ou de formations. Ce manque de reconnaissance, demande une immense capacité de résilience.

Et là, les questions émergent :

  1. Quel est mon intérêt réel pour ce métier ou ce secteur qui va dans le mur ?
  2. Pourquoi suis-je constamment fatigué(e) émotionnellement et physiquement ?
  3. Le manque de liberté, de confiance et d’autonomie deviendrait-il insupportable ?
  4. Mon entreprise, mon boss, ma mission respectent-ils mes valeurs ?
  5. Quel est mon intérêt pour ces tâches répétitives sans valeur ajoutée ?
  6. A quoi suis-je en train de contribuer pour la société civile ?
  7. Pourquoi suis-je irritable en weekend ? 
  8. Pourquoi ne suis-je plus motivé(e) ?

Ces questionnements inconfortables arrivent aux meilleurs salariés ! Ils quittent le navire, avant ou après avoir flirté avec le burnout. Ainsi les entreprises attirent, usent et abusent du staff, sans soucis du turn over. Depuis, l’attrition est devenue si naturelle, que peu d’employeurs tiennent compte des causes réelles et sérieuses d’un départ . « C’est une question de personne, on n’a pas le temps de se prendre la tête, trouvons quelqu’un d’autre » ai-je entendu dans les couloirs d’une PME. De nombreux/ses sont les DRH qui dénoncent l’absence de sincérité. Ils/elles démissionnent « quand l’hypocrisie devient trop significative » me confie l’ex-DRH d’Oxiatis.

Comment la quête de sens arrive-t-elle au cœur des préoccupations ?

Pour ma part, j’ai vu le film d’Al Gore « une Verité qui dérange » en 2009. J’étais alors Manager dans une ETI. Manipuler trente outils de marketing digital pour générer des leads sur le net, tout en constatant l’absence de considération environnementale de mon secteur ont crée chez moi une dissonnace cognitive telle, que j’ai négocié mon départ pour obtenir un MBA en Marketing et Développement durable l’année suivante. Puis je me suis formée auprès du Cabinet E&H, de GreenIT, du Pole Ecoconception et de Lucie, et de l’Institut du Numérique Responsable. « A ce jour, pour être en phase avec mes convictions, je forme les autres au marketing responsable, anime des ateliers d’intelligence collective dans l’enseignement supérieur et en entreprise. Mes revenus ne sont plus les mêmes, mais le Covid a rappelé à l’humain sa fragilité et la capacité de la nature à rependre ses droits, alors je reste optimiste sur le long terme 😄.

Voici un autre témoignage, celui de Ronan De La croix, recueilli au QG des Ecoacteurs de Marseille, en fin avril 2022. « J'ai quitté un grand groupe de publicité afin de monter l’équipe d'un média associatif tourné vers l'engagement citoyen. Ce qui m'a attiré dans l'aventure : la rencontre de personnes déterminées et orientées vers la réduction de l’impact environnemental, la liberté d'entreprendre, l'impression de poursuivre un but utile et de faire ma part de citoyen actif. Ce qui reste le plus dur ? Le manque de compréhension de mes proches et la réduction de salaire ». Aujourd’hui, Ronan fait partie de l’équipe organisatrice du Salon Change Now et fait intervenir des artistes pour créer des sculptures monumentales à partir de déchets, une première en France.

Camille une mère de famille médecin de 50 ans qui garde l’anonymat, témoigne au micro d’un Podcast dont j’ai perdu la source…« depuis que j’ai lu « La fin du pétrole », il y a 20 ans, une avalanche de prises de conscience m’a envahie. C’est comme si j’avais procédé au changement logiciel de mon cerveau. J’ai rompu avec mon ascension professionnelle internationale car elle n’avait plus grand intérêt. J’ai progressivement cessé de voyager en avion et j’ai choisi de vivre simplement après avoir réduit mon temps de travail. Cela me permettait de m’occuper mieux de mon fils et de défendre mes convictions. » Camille est devenue activiste pour Greenpeace car « il y a urgence à stopper les entreprises climaticides. »

Pour recruter sereinement les associations forment puis laissent les gens expérimenter

Pour attirer les talents, les associations environnementales diffusent la connaissance, montent des projets passionnants, offrant rapidement des opportunités d’emplois. Leur crédo ? Former les adharents gratuitement sur leur sujet de prédilection et rendre les bénévoles en soif d’actions plus « experts ».

Les associations donnent l’occasion d’animer des groupes de travail, de diffuser la connaissance, de recréer du lien avec les citoyens. De plus, elles permettent de renouer avec la psychologie, mais aussi de développer le réseau personnel et professionnel de chacun.

La Fresque du Climat a été pionnière pour informer, mobiliser, animer des groupes et former au changement climatique. Elle n’a pas tardé a en embaucher une dizaine de rapidement. Tout comme The Shift Project sur un public plus expert. Suivent la Fresque du Numérique qui a embauché 3 personnes en moins de 18 mois. Idem pour l’assocation 1dechetparjour qui communique, agit, grandit à Marseille et Paris. Pour les associations professionnelles comme l’INR, l’AGIT, l’ADETEM, le travail de Think Tank est approfondi. Il permet des avancées significatives sur des secteurs entiers, des filières et des corps de métiers.

De plus, Pole Emploi aide sous différentes formes ceux qui ont cotisé assez longtemps, à partir explorer ce nouveau monde durant 2 ans. Que l’on choisisse de devenir freelance via le soutien de Pole Emploi de l’Apec, ou de Makesens, Live Mentor ou de Lancetonidée, l’envie de changer est forte et intelligemment accompagnée. Pour les plus entreprenants, la BPI ou l’ADEME ou les Régions financent de nombreux projets d’innovation. C’est une chance inouie que permet notre pays. Les salariés brillants, curieux ou entreprenants, pensent par eux-mêmes, donnent du temps, de l’argent et de leur personne pour le bien commun. Cependant, ils ne sont ni bobos, ni robots et restent bien conscients de ce qu’ils font. L’engouement pour financer Time for the Planet le démontre. Pour passer à l’action, monjobdesens ou Birdeo ouvrent la porte a ceux qui veulent exercer leur métier dans une structure à impact. Sans tabou, ni barrières, vous pourrez sauter le pas ou engagez-vous dans des associations qui ont du sens pour vous.