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À plus forte raison lorsqu’il s’éternise, le chômage s’accompagne d’une foule d’éléments perturbateurs : stress, sentiment de culpabilité, dévalorisation… Il convient alors de réagir, avant de se laisser submerger par ses émotions négatives.
Parmi les facteurs pesant sur le bien-être psychologique, celui-ci est l’un des plus fréquents : le demandeur d’emploi se sent coupable de sa situation. Ce qui peut avoir tendance à le paralyser et à le pousser à se renfermer sur lui-même. Il faut dire que le statut est souvent pointé du doigt dans la société.
Afin de chasser ces mauvaises idées, il convient toutefois de garder quelques réalités à l’esprit. En premier lieu, le concept de chômage est aujourd’hui inévitable. Il n’y a tout simplement pas assez de postes pour ceux qui en désirent un. Autrement dit, si un demandeur d’emploi se fait embaucher, alors mécaniquement, à l’autre bout de la chaîne, une nouvelle personne quittera sa place. Il s’agit bien sûr d’une vision schématisée, mais d’un point de vue global, dans la configuration actuelle, l’État sera toujours confronté au chômage. Et les contribuables devront inexorablement financer les allocations.
Cela dit, l’argent touché chaque mois par les demandeurs d’emploi ne constitue pas un don. Il n’est que le fruit des cotisations versées à l’assurance chômage. Car pour recevoir des allocations, il faut impérativement avoir déjà travaillé. Donc avoir déjà versé une partie de sa rémunération pour financer ce régime d’assurance, qui existe précisément afin de venir en aide aux individus perdant leur poste. Et chacun cotise à hauteur de ses revenus, et non de ses besoins. C’est un fonctionnement similaire à celui de l’assurance maladie. Et on s’insurge moins de ne pas faire payer davantage ceux qui souffrent d’une longue maladie…
Par ailleurs, le choix des mots peut avoir son importance. Il faut ainsi commencer par éviter d’utiliser le terme "chômeur". Pourquoi ? Parce qu’il est aujourd’hui régulièrement associé à une opinion négative. Il n’est ainsi pas rare de le lier à des travers comme la paresse ou le manque de volonté. Pourtant, selon la définition de l’Insee, "un chômeur est une personne qui n'a pas d'emploi et qui en recherche un". Par essence, le mot est donc indissociable de la notion de recherche. Alors comment expliquer ce glissement sémantique ? Peut-être en raison de la signification du verbe "chômer", qui induit une véritable inactivité.
Pour illustrer le propos, pensez à la nuance entre les deux phrases suivantes : « Il y a trop de chômeurs » vs « Il y a trop de personnes sans emploi ». Dans la première, on peut être tenté de penser que le problème vient du statut en lui-même, voire des individus. Au contraire, la seconde paraît comporter davantage de compassion. Ici, les demandeurs d’emploi peuvent être plutôt perçus comme des victimes. Pourtant, ces deux phrases ont la même signification. Mais les mots employés peuvent induire des interprétations différentes.
Se présenter aux autres constitue souvent un exercice délicat. Car il n’est pas facile de répondre à la question : "Qui suis-je ?". En général, on se raccroche aux éléments qui nous paraissent les plus évidents : le genre, l’âge, le statut familial et… le travail. Mais peut-on vraiment s’identifier à un poste que l’on occupe à un moment donné et qui sera certainement amené à évoluer ?
De la même façon, le statut de demandeur d’emploi ne définit pas un individu. L’identité d’une personne va bien au-delà de sa situation professionnelle. Ses passions, ses convictions, sa formation, ses activités bénévoles… représentent des caractéristiques tout aussi pertinentes.
Néanmoins, il ne faut pas tomber dans l’extrême inverse et cacher à tout prix sa situation. Le chômage n’a pas à faire office de honte ou de revendication. Il s’agit simplement d’une réalité temporaire, dont on peut choisir de parler, ou non.
De même, un demandeur d’emploi peut avoir tendance à se renfermer sur lui-même. Il est en effet tentant de fuir les soirées entre amis, où chacun évoque ses problèmes au travail et où on finit inlassablement par lui demander : "Et toi, tu fais quoi dans la vie ?"
Il s’agit pourtant d’une mauvaise idée, à bien des égards. Tout d’abord parce que les relations sociales demeurent importantes pour l’équilibre psychologique, que l’on soit au chômage ou non. Mais il faut aussi garder à l’esprit que le réseau joue souvent un rôle dans la recherche d’emploi. C’est parfois au détour d’une conversation anodine, lors d’une soirée informelle, que surgit une opportunité professionnelle.
Cela ne veut toutefois pas dire qu’il faut accepter toutes les invitations. Car certaines personnes, y compris parmi les proches, peuvent manifester une grande sévérité envers les demandeurs d’emploi. Il convient alors de faire un tri au sein de son entourage, afin d’éviter que de telles relations ne pèsent sur le moral.
Cependant, dans une période de chômage, le principal adversaire ne se situe pas toujours chez les autres. Il arrive souvent que l’on devienne son propre ennemi, en s’autodévalorisant de façon répétée. Il peut alors être difficile de s’extraire d’une telle spirale négative.
Une bonne façon de s’en sortir consiste à appliquer deux des quatre accords toltèques :
Il s’agit alors d’effectuer les premiers pas vers un objectif primordial : une meilleure estime de soi. Qui permet de mieux vivre son chômage, mais surtout de mieux vivre tout court.