Comment la RSE s’impose aux métiers des entreprises du transport et de l’assurance ?

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Comment la RSE s’impose aux métiers des entreprises du transport et de l’assurance ?

12 mars 2021

2020, l’année de la prise de conscience de la fragilité humaine

En 2020, le monde entier s’est arrêté de voyager pour cause de pandémie. Chacun a pris conscience de la fragilité de l’homme face à la propagation rapide et incontrôlable du Coronavirus et de ses mutations.

A travers les 2 témoignages d’Odile Marreck Directrice organisation méthodes et RSE pour Bolloré Logistics et de François Garreau, Responsable Mission RSE au Comex de Generali, nous avons la confirmation que la réduction des impacts environnementaux influence désormais l’activité économique toute entière.

Pour Odile Marreck "2020 est l’année durant laquelle, le monde a pris conscience que nous, humains, étions vulnérables, malgré nos technologies avancées et la circulation aérienne qui réduit les distances. Nous nous sommes recentrés sur l’essentiel : la santé et les gens. Nos clients ont fait savoir qu’ils avaient des gros enjeux autour de la question climatique et tout le monde est devenu réceptif."

L’urgence climatique accélère l’intégration de la RSE aux métiers

Selon Odile Marreck, "Un nombre croissant de clients nous consultent pour décarboner la supply chain. Or, si nous ne répondons pas "présents !", nous ne gagnerons pas les Appels d’Offres. En effet, la RSE rentre indéniablement au cœur de la stratégie de l’entreprise. Nous sommes même en train de faire intégrer la RSE à toutes les fonctions métier de l’entreprise".

Quant à François Garreau, il confirme qu’au-delà des métiers, les secteurs se transforment : "La multiplication des catastrophes climatiques autant par leur fréquence que leur intensité frappe tous les territoires et touche directement le secteur de l’assurance. L’enjeu est de taille car nous sommes aussi des investisseurs de grands travaux d’aménagement et agissons en Europe comme à l’échelle planétaire".

Quand la RSE protège du risque

"Le principe de précaution et le fait d’attendre tout de l’État a pour conséquence une défiance générale vis-à-vis du risque. Le corolaire à cela est la prévention du risque : comment l’assurer et le partager ? Cela se traduit par une prime reflétant la réalité de ce risque, donc n’indemnisant le client qu’à hauteur de 50%. Les garanties l’imposent et l’on ne couvrira jamais la totalité des dommages. Il y a donc une part du risque qui reste à la charge des individus et des entreprises."

"Cette part de risque peut être réduite si on accroît la culture de la résilience et la formation à la RSE : il y a des zones où il n’est pas intéressant de s’installer et des activités dont l’empreinte carbone est trop élevée, pourquoi s’obstiner ? Pour les particuliers, le sport maintient en bon état de santé, alors pratiquons." rassure François Garreau, le sourire aux lèvres.

Ne pas tout attendre des tiers est une question de responsabilité. La RSE tient compte du principe de précaution et apporte une logique d’anticipation. L’assureur lui, indemnisera de moins en moins les risque-tout.

Comment un écosystème se met-il au service de l’environnement ?

Pour Odile Marreck "Aujourd’hui dans le secteur des Transports, des entreprises concurrentes sont capables de travailler de concert pour optimiser les flux d’enlèvement. Nous pouvons élargir nos tournées et aller chercher des marchandises stockées chez d’autres. La tendance change. Nos clients révisent aussi leur organisation logistique : ils vont choisir le bateau pour livrer des pièces détachées au plus près possible du client final et les assemblent sur place, au lieu de livrer le produit fini par avion".

Comment donner du sens à l’investissement ?

François Garreau partage ses observations "On note une réelle curiosité de la part des nouvelles générations sur la composition des fonds. Les épargnants cherchent autant la performance que le sens. Nos fonds à thèmes nommés Eau, Environnemental, Social, reçoivent un vif succès. Depuis, nous avons lancé un fond de nature sociale pour financier des Fondations. Les exigences partent des individus mais aussi de toute la transformation sociétale en cours. La Cop 21, a pointé du doigt les institutionnels pour réduire l’impact environnemental".

"Il devient difficile d’investir dans des entreprises sans démontrer un impact carbone réduit, voire nul. Le financement d’activités polluantes en cours est maintenu, mais celles-ci s’activent pour réduire leur impact. Les grandes entreprises disposent de personnel pour se transformer. Or, les PME n’ont pas les moyens de se payer un Directeur du Développement Durable ni un Consultant RSE de haut niveau.Nous soutenons donc les PME financièrement, même si c’est insuffisant. Generali n’est pas un "Khmer vert" mais nous accompagnons tous les acteurs dans cette nouvelle trajectoire."

La RSE devient centrale, quels défis pour les Directions du DD ?

Odile Marreck nous raconte que "Nous avions des obligations de reportings sans forcément voir s’améliorer les choses. Dans nos tableurs figuraient le prix et la durée d’un trajet Havre - Shanghai, maintenant une colonne est dédiée au CO2. Nous mettons en place des partenariats avec les acheteurs du fret, du rail, du maritime et échangeons avec nos clients ou nos fournisseurs pour réduire l’empreinte environnementale. Certains clients ont déjà divisé par deux leur activité aérienne.".

La RSE nécessite-t-elle plus d’organisation et de formation ?

Chez Bolloré Logistics, Odile Marreck dû batailler. "Optimiser le transport pour respecter l’environnement est un enjeu en soi. Il a fallu faire des road shows, organiser des webinars, créer des modules en anglais pour démystifier les enjeux climatiques et les fondements de la RSE, comparer l’impact entre gaz et hydrogène. Bref, faire preuve de pédagogie, car le changement s’accompagne dans la durée."

Et François Garreau de conclure "Nous n’espérons pas devenir le petit bonhomme vert, c’est la gouvernance de ces sujets dans notre entreprise qui compte : la RSE est transversale dans le Comex comme à l’échelle du groupe et figure dans les objectifs de chacun. Nos analystes financiers évaluent la nature de nos engagements. C’est vrai pour Générali en tant qu’entreprise, comme pour toute la chaîne de valeur. Oui, la RSE change vraiment tout.".