Les différents types de burn-out

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Les différents types de burn-out

9 décembre 2020

Derrière le mot "burn-out", se cache une réalité plus complexe qu’il n’y paraît. Car la surcharge de travail n’est pas la seule cause du surmenage professionnel.

On l’appelle parfois "le mal du siècle". Un terme qui renvoie au romantisme du XIXe siècle et à la mélancolie qui touchait particulièrement la jeunesse et les auteurs emblématiques de l’époque. Ceci semble appuyer l’idée d’une naissance récente du syndrome qui serait spécifique à une génération. À l’inverse, l’apparition du mot, emprunté à l’anglais, pourrait simplement être le fruit d’une prise de conscience : le travail serait loin d’être uniquement une source possible d’épanouissement.

Ce mot, c’est bien sûr le "burn-out". Depuis quelques années, il a fait son entrée officielle dans les dictionnaires français. Le Larousse lui donne la définition suivante (pour une orthographe étonnamment sans trait d’union) : "Syndrome d’épuisement professionnel caractérisé par une fatigue physique et psychique intense, générée par des sentiments d’impuissance et de désespoir".

D’après l’institut Diderot, il toucherait 5 à 10 % de la population. Mais en réalité, plutôt que "du burn-out", il convient de parler "des burn-out". Et s’il existe presque autant de différentes formes que de victimes, on peut néanmoins distinguer trois grands types, selon l’origine du mal-être.

Le burn-out par surcharge de travail

C’est certainement la première idée qui vient à l’esprit lorsqu’on évoque ce syndrome. Dans ce cas, l’individu assume, contraint ou non, une charge de travail de plus en plus importante. Les délais semblent alors se raccourcir, les horaires s’allongent, la pression s’intensifie… Et on tire sur la corde, jusqu’à ce qu’elle finisse par lâcher.

Différents facteurs peuvent être à l’origine d’un tel épuisement professionnel. Ils peuvent être exogènes (management inapproprié, nouveau projet, baisse du budget…) comme endogènes (incapacité à dire non, difficulté à déléguer, perfectionnisme…). Dans tous les cas, ils constituent une cause majeure de stress et d’anxiété.

Le burn-out émotionnel

Mais la quantité excessive de travail n’est pas la seule origine possible du syndrome. Dans leur ouvrage La charge affective, comment éviter le burn-out émotionnel, le psychanalyste Saverio Tomasella et la psychopraticienne Charlotte Wils mettent en avant un autre phénomène, peut-être plus insidieux, dans la mesure où il peut apparaître tant à la maison qu’au bureau.

D’après les auteurs, la "charge affective" représenterait le cumul des sensations, émotions, sentiments et intuitions éprouvés par un individu. Et chacun posséderait son propre "réservoir", dont le volume et l’étanchéité varieraient, de surcroît, en fonction du temps. Un trop-plein à ce niveau pourrait donc entraîner un surmenage émotionnel. Y compris au travail, où une nouvelle contrariété apparemment anodine pourrait finalement être la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Le burn-out par perte de sens, ou brown-out

Par ailleurs, la nature même des missions confiées à un employé peut conduire ce dernier à l’épuisement professionnel. Ce phénomène a notamment été mis en exergue par François Baumann, auteur du livre Le brown-out, quand le travail n’a plus aucun sens. Il concernerait des collaborateurs désabusés par leur métier, qu’ils jugeraient inutile, voire absurde. Si l’on pense d’abord aux "bullshit jobs", le brown-out serait aussi susceptible d’apparaître chez les professions embrassées par vocation, mais finalement sources de désillusion (en raison d’un manque de moyens, d’une hiérarchie peu compréhensive, d’un impératif de résultats au détriment des valeurs…).

Lire aussi : Bullshit jobs

Cette perte de sens conduit, en premier lieu, à des symptômes « bénins » : démotivation, fatigue, démission… Mais elle peut également avoir des conséquences plus lourdes : repli sur soi-même, troubles du sommeil et de la digestion, voire dépression.

Et le bore-out dans tout ça ?

Enfin, qu’en est-il du bore-out, qui serait un surmenage provoqué par l’ennui dû à un manque de travail ? Selon Emmanuel Abord de Chatillon, professeur des Universités à l’IAE de Grenoble, ce prétendu phénomène massif serait une imposture. Premièrement parce que les employés qui s’ennuient "sont loin d’en souffrir systématiquement".

Lire aussi : Du bore-out au bullshit jobs – Emmanuel Abord de Chatillon 

Et, d’autre part, l’enseignant-chercheur souligne que le bore-out est davantage lié à la question de sens au travail. En fin de compte, il s’agirait donc plutôt d’une forme particulière de brown-out. En quelque sens.