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Outre les métiers mal-aimés dans les sondages dont on ne fera pas la liste, certaines professions ont toujours moins attiré que d’autres. Jusqu’à ce que l’on se rende compte de leur intérêt fondamental dans le fonctionnement quotidien. Les travailleurs de deuxième ligne pendant la crise sanitaire sont encore là pour nous le rappeler. Parmi eux, et dans d’autres métiers, la question des compétences et de la rémunération qui seraient tout aussi basses nous laissent croire que rien ne change. Pourtant, dans bien des domaines, leur rôle a considérablement évolué.
Dans le passé, certains noms de métiers ont subitement changé comme s’il avait fallu ripoliner le nom d’usage pour augmenter les compétences. C’est ainsi que des femmes et hommes de ménage sont devenus dans certains secteurs des techniciens de surface. Mais derrière ces nouvelles appellations qui peuvent, a priori, faire sourire, il existe une réelle volonté de montrer la qualité professionnelle de ces personnes et leurs connaissances dans leur domaine.
Ainsi, nettoyer un bureau professionnel ou des locaux techniques demande une connaissance des machines (auto-laveuse, mono-brosse), tout comme des obligations de stérilisation et d’hygiène, a fortiori en ce moment. À cela s’ajoute aujourd’hui l’utilisation de produits moins polluants ou toxiques, voire des connaissances importantes quant au respect de l’environnement. Certes, la plupart de ces personnes sont formées directement par l’entreprise qui les emploie, mais un CAP agent de propreté et d’hygiène existe.
Plus largement, la notion de montée en compétences a infiltré bon nombre de métiers. Les dispositifs qui existent au sein des entreprises et en dehors (plan de développement des compétences, Pro-A, formation via la CPF, bilan de compétences, VAE, etc.) sont autant d’outils pour un parcours professionnel enrichi, même en changeant d’employeur.
Tous les ans France Compétences fait paraître une liste de métiers émergents ou en évolution, retenus par la commission en charge de la certification professionnelle. Parmi les 23 sélectionnés en 2020, on peut par exemple citer le métier d’acheteur-vendeur marée, celui de collecteur de biodéchets, ou encore la profession d’opérateur en régénération de matières plastiques.
En 2021, des métiers plus classiques ont rejoint la liste de ceux qui connaissent une évolution importante : couvreur, serrurier-métallier, plombier-chauffagiste. Le couvreur doit aujourd’hui s’adapter aux nouvelles normes d’éco-construction qui concernent par exemple les installations photovoltaïques ou la récupération des eaux de pluie. Le plombier doit quant à lui avoir des connaissances en matière de haute performance énergétique, alors que le serrurier-métallier est très demandé dans les constructions à faible impact environnemental.
À côté de ces métiers, d’autres ont souffert d’une mauvaise image due à des situations passées ou à des malentendus. En voici deux exemples.
Dans l’imaginaire collectif, existe-t-il un métier plus pénible pour ses destinataires que celui de téléconseiller ou télévendeur ? Or il y a là un malentendu important à éclaircir. Oui, des entreprises démarchent sans vergogne au téléphone des particuliers pour essayer de leur vendre quelque chose. Et elles sont dans l’illégalité si les personnes sont inscrites sur une liste d’opposition au démarchage.
Mais loin de cela, il existe surtout les téléconseillers des services de relation client. Ces derniers n’ont donc pas pour vocation de téléphoner aux particuliers, mais de recueillir leurs appels. Cet aspect fait déjà toute la différence.
Plus encore, la relation client d’aujourd’hui s’inscrit dans une volonté haut de gamme et sur l’ensemble des canaux. Le téléphone n’est plus le seul mode de communication, loin de là. Tous les réseaux sociaux, l’e-mail et le chat font désormais partie des outils de travail des opérateurs. À côté de cet aspect multicanal, ils développent des compétences variées dans les réponses qu’ils apportent aux clients. Leur rôle est ainsi essentiel. Après quelque temps, ils peuvent même envisager d’évoluer dans des missions d’encadrement. Dans de grands groupes ou des entreprises de plus petite taille, la question est centrale et le management s’appuie sur la qualité de l’expérience collaborateur. C’est dire si l’image des conseillers est à revoir.
Dans sa série sur les métiers mal-aimés publiée en mars 2021, le quotidien Les Échos a commencé par les experts-comptables. Le nez dans les chiffres, les tableaux Excel barbants…Ces professionnels traînent une image de personnes ennuyeuses, tout comme les notaires ou les assureurs, sans avoir en plus une réputation parfois inquiétante comme celle des inspecteurs des impôts. Ou bien ne se trompe-t-on pas sur toute la ligne ? Comme l’explique l’article, ils ont un rôle de conseil très important et la diversité de leurs clients leur évite le train-train.
En parallèle, la comptabilité est un des secteurs qui utilisent le plus les données et par conséquent des outils d’automatisation. Grâce à cela, ce sont avant tout l’expertise et la relation humaine qui comptent.
Ce domaine est aussi largement bousculé par les cabinets en ligne qui savent moderniser le métier en s’adressant aux indépendants notamment. En somme, l’expertise-comptable est bien loin de son image terne et, cerise sur le gâteau, les postes ne manquent pas.
L’expression n’a pas pris une ride : il n’y a pas de sots métiers, il n’y a que de sottes gens. Certes, les « bullshit jobs » existent, mais ils n’ont rien à voir avec les professions regardées parfois en coin et qui ont largement su évoluer.