Loi de Laborit : éloge de la fuite

Devenez, à votre échelle, acteur du changement ?

Vos idées nous intéressent, votre opinion nous importe et votre point de vue est essentiel.

Proposez votre contenu

Loi de Laborit : éloge de la fuite

8 août 2022

Vous avez tendance à repousser les tâches pénibles et à privilégier les sources de plaisir ? Cela peut paraître trivial, mais ce phénomène naturel est l’objet de la loi de Laborit. Et la solution pour lutter contre cette inclination humaine semble tout aussi évidente : il faut commencer sa journée par le plus difficile. Élémentaire, n’est-ce pas ? Mais en pratique, cela n’a rien d’évident…

La loi de Laborit décrit la propension de l’être humain à fuir devant les difficultés. Cependant, une fois n’est pas coutume, il n’existe pas de formulation unanime de ce principe. Selon les sources, son énoncé – voire son interprétation – varie. En revanche, son origine est bien connue.

D’où vient la loi de Laborit ?

Henri Laborit était un chirurgien et neurobiologiste français du XXe siècle. Au sein de la communauté scientifique, son nom est resté associé à des travaux sur l’anesthésie, les neuroleptiques, ou encore les neurosciences. Mais le médecin s’est également fait connaître du grand public à travers ses ouvrages sur la biologie comportementale, dont La Nouvelle Grille (1974) et Éloge de la fuite (1976). Dans ce dernier, l’auteur souligne la tendance naturelle de l’être humain à rechercher le plaisir et à fuir les sources de douleur, d’ennui ou d’inconfort.

Parfois appelée « loi du moindre effort », la loi de Laborit applique cette observation au quotidien et au monde du travail. L’individu chercherait ainsi naturellement à éviter les tâches les plus difficiles, préférant se consacrer à celles lui apportant un plaisir immédiat. Une situation probablement déjà vécue par tous : qui n’a jamais repoussé un coup de fil désagréable, l’envoi d’une candidature, la mise à jour d’un CV, la réalisation d’une proposition commerciale… ?

Commencer par les tâches les plus pénibles

Alors comment lutter contre cet élan naturel ? La solution souvent proposée consiste à faire passer en priorité les tâches les plus rébarbatives. Au lieu de les décaler indéfiniment, il faudrait prendre le contre-pied de nos réflexes humains et s’en occuper en premier, de sorte à en être débarrassé(e) une bonne fois pour toutes.

Une telle discipline permettrait ensuite d’aborder positivement le reste de la journée, avec davantage de sérénité et moins de stress. Et pour s’y tenir, l’individu peut s’accorder une récompense – même minime – à chaque tâche difficile accomplie, afin d’encourager son cerveau à dépasser ses réticences initiales.

Faut-il éviter la fuite ?

Néanmoins, les activités les plus pénibles doivent-elles toujours être traitées en priorité ? Afin d’organiser intelligemment sa journée, il semble préférable de déterminer l’importance et l’urgence de chaque tâche. Il conviendra alors de se concentrer sur celles situées en haut à droite d’une matrice d’Eisenhower. Et ce, quel que soit leur niveau de difficulté.

Par ailleurs, il ne vous aura pas échappé que l’ouvrage d’Henri Laborit s’intitule Éloge de la fuite… Est-il donc nécessaire de réfréner son penchant naturel ? Car lutter contre ses réflexes n’a rien d’évident. Si l’idée de commencer par les tâches désagréables semble séduisante sur le papier, il ne suffit pas de s’en convaincre pour l’appliquer. Au contraire, se heurter à ses propres réticences, potentiellement tenaces, dès le début de la journée, peut générer un stress amplifiant l’effet de paralysie face à l’ampleur du travail à accomplir.

À l’inverse, la procrastination ne représente pas non plus une solution viable. Mais il ne s’agit pas de la seule fuite envisageable. Il est premièrement possible de décomposer une tâche semblant trop complexe en plusieurs « micro-tâches » plus abordables. Par exemple, refaire son CV peut paraître laborieux. Dans ce cas, pourquoi ne pas commencer par faire le point sur sa dernière expérience professionnelle, avant d’aborder la précédente, puis la question des compétences, etc., en s’accordant une pause entre chaque partie ? De cette façon, l’idée n’est pas de renoncer à gravir la montagne en face de soi, mais de ménager sa monture. Autre option : prendre un raccourci. En effet, le cerveau humain est également capable de fuir intelligemment devant les tracas. Ainsi, une difficulté peut être contournée de diverses façons : en automatisant une partie de la tâche, en déléguant, en sous-traitant, etc. En d’autres termes, avant de foncer, tête baissée, sur une pente ardue, il vaut mieux se demander : n’y a-t-il pas un chemin plus facile ?