Trêve des confiseurs : les travailleurs entre Noël et le jour de l'An

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Trêve des confiseurs : les travailleurs entre Noël et le jour de l'An

31 décembre 2022

En France particulièrement, la période entre Noël et le jour de l’An a toujours été comme un moment ouaté, même sans neige. Le silence se fait plus présent, même le jour où les petits déballent leurs cadeaux. Pourtant, derrière les fenêtres des foyers, se joue une autre partition, celle de ceux qui ne raccrochent pas, par obligation pour certains, par envie pour d'autres.

A l’origine de l’expression "Trêve des confiseurs" 

Cette expression, qui signifie une baisse de l’activité alors que les familles sont pour la plupart réunies, laisse parfois perplexe. Pourquoi parler de trêve alors que ceux qui fabriquent les chocolats et autres confiseries travaillent encore plus à cette période de l’année ? L’origine ne se trouve pas au Parlement, contrairement à ce qu’on lit parfois, lorsqu’en 1874, il fut décidé de marquer une pause dans les débats houleux pendant cette période. Pour moquer la classe politique, la presse avait alors parlé de Trêve des confiseurs, lesquels profitent justement de ce hiatus. Mais l’expression découle d’une autre période.

Il faut ainsi remonter très loin, au Moyen-Âge, pour en retrouver les prémices vers l’an 1000, comme l’explique le journaliste économiste Jean-Marc Sylvestre dans Forbes. Il s’agissait alors pour Louis IX (le futur Saint-Louis) de cesser la guerre pendant la Trêve de Dieu, soit de Noël jusqu’à Pâques, au risque d’être excommunié dans le cas contraire. Manœuvre politique du Roi pour affaiblir ses vassaux, elle servira aussi à dessein au Parlement du XIXe siècle pour soutenir les commerces et, déjà, la reprise économique : « On convint de ne pas troubler par nos débats la reprise d'affaires commerciales qui, à Paris et dans les grandes villes, précèdent toujours le jour de l'an » écrivit par exemple le duc de Broglie, membre de l’Assemblée.

Les années 2020 : une trêve saisonnière plus ou moins possible

Aujourd’hui, si une partie de l’activité économique est limitée entre Noël et le jour de l’An, parfois avec des fermetures d’entreprises ou d’administrations, beaucoup de professionnels continuent d’accomplir leur tâche. Ces temps-ci, crise oblige, même les politiques qui profitent habituellement de cette pause ne sont pas épargnés.

Selon le ministère du Travail, ce moment de l’année n’est, dans tous les cas, pas celui des vacances pour tout le monde, avec 1 salarié sur 2 qui travaille. Ce sont à la fois des salariés qui n’ont pas de congés à prendre, comme ceux arrivés récemment dans l’entreprise, ainsi que les personnes embauchées en CDD. Beaucoup d’entre elles sont d’ailleurs sollicitées spécifiquement à cette occasion pour répondre à la demande :

  • Les pâtissiers, chocolatiers, boulangers et dans tous les commerces alimentaires
  • Les vendeurs en magasins (selon un rapport de la DARES, les emplois saisonniers dans le commerce de détail de jeux et jouets en magasins spécialisés augmentent sensiblement avant et pendant la période des fêtes, d’environ 0,1 % en temps normal, à 2 %)
  • Les employés de la logistique pour l’acheminement des colis comme La Poste (pour la période des fêtes 2021, elle a embauché 6000 facteurs et opérateurs de livraison. Source.)
  • Les restaurants, les hébergements et le divertissement (qui représentent d’après la DARES 70 % des emplois saisonniers dans les régions touristiques du sud de la France et en zones montagneuses)
  • Les hôpitaux, le SAMU, la police, les pompiers
  • Et tant d’autres !

Le calme des fêtes, une opportunité pour d’autres

Parmi ceux qui ne raccrochent pas leurs gants pendant la Trêve des confiseurs, il y a donc tous ceux qui profitent de cette parenthèse pour obtenir du travail pendant que les autres prennent du repos.

CDD et jobs d’appoint

Les CDD des vacances de Noël sont ainsi une bonne occasion de travailler pour les étudiants et les personnes en recherche d’emploi. La période des fêtes étant propice aux « petits boulots ». Bien sûr, contrairement aux États-Unis, il n’y a pas de Pères Noël et de lutins à tous les coins de rue entre le 25 novembre et le 24 décembre, mais en France, les jobs de fin d’année représentent une part non négligeable des emplois saisonniers : environ 700 000 postes à pourvoir chaque année.

Des possibilités pour les indépendants

Pour les indépendants, le calme de la fin d’année peut être une bonne occasion de trouver des clients et de profiter de l’absence des autres freelances. C’est aussi le cas en plein mois d’août, quand les entreprises doivent répondre à des besoins alors que les personnes en interne sont en congé et que d’autres prestataires profitent aussi de leurs vacances.

En profiter pour se former en ligne

La trêve des confiseurs peut aussi être l’occasion de prendre des cours, le plus souvent à distance, pour se spécialiser dans un domaine et augmenter son employabilité à la rentrée. Aujourd’hui, les possibilités sont vastes et couvrent absolument tous les domaines. Des secteurs très techniques aux courts dédiés aux débutants qui souhaitent apprendre une nouvelle discipline, le calme des fêtes s’inscrit comme une belle occasion pour avancer et préparer la rentrée de janvier. Ce sont par exemple :

  • OpenClassRooms : parmi les plus connues, cette plateforme propose des formations diplômantes, ainsi que des cours en accès libre pour se perfectionner dans la discipline de son choix.
  • Coursera : semblable à OpenClassRooms, cette plateforme met à disposition de tous des formations certifiantes, sur des domaines vastes et spécifiques, notamment dans la tech et la finance.
  • Domestika : d’abord dédiée à l’art et aux loisirs créatifs, la plateforme propose aujourd’hui de très nombreuses disciplines applicables dans le domaine professionnel, notamment dans le marketing, la création d’entreprises, etc.

La trêve des confiseurs sert à déguster de bonnes choses et à faire vivre les commerces. Mais, force est de constater qu’elle peut bénéficier à tous, que ce soit dans le calme ou au contraire, la frénésie de cette période.