Les ouvriers du clic : qui sont les petites mains du web ?

Devenez, à votre échelle, acteur du changement ?

Vos idées nous intéressent, votre opinion nous importe et votre point de vue est essentiel.

Proposez votre contenu

Les ouvriers du clic : qui sont les petites mains du web ?

24 janvier 2023

Malgré l’essor de l’IA, il semblerait que les machines aient encore besoin de nous. Dans un contexte de très forte digitalisation, amplifiée par la crise sanitaire et nos nouveaux usages, les ouvriers du clic réalisent en boucle des tâches à faible valeur ajoutée, sans même savoir, la plupart du temps, pour quel client ils travaillent et pour quelle raison.

Un travail à la chaîne, payé à la tâche

Cet enchaînement de tâches répétitives a un nom : on parle de microtravail, ou encore de microtasking ou de travail au clic. Démocratisée depuis 2005 par la plateforme Amazon Mechanical Turk, cette pratique permet de diviser des projets complexes en une multitude de petites tâches complémentaires, qui seront effectuées par des humains. Cela permet de pallier les limites de l’intelligence artificielle, notamment, par exemple, pour modérer du contenu visuel ou encore pour effectuer des sondages. Contrairement à un job classique, la rémunération ne se fait pas sur un temps de travail mais pour chaque action réalisée. L’objectif pour ces travailleurs est donc d’aller toujours plus vite pour réaliser le maximum d’opérations en un minimum de temps, afin de booster leur salaire.

Un concept qui va à l’encontre du droit de travail 

Dans les faits, le microtravail peut présenter des points attractifs. En effet, il est accessible à tous et permet de travailler depuis n’importe où. Chacun est libre de gérer son emploi du temps comme il le souhaite et peut, par exemple, obtenir un complément de salaire intéressant avec des microtâches. Mais dans le fond, les activités liées au microtravail sont très mal payées et permettent rarement d’obtenir au-delà de quelques euros par heure. Les missions sont répétitives et ingrates, à l’opposé de ce qu’attendent les salariés aujourd’hui : trouver du sens dans leur travail. Sans oublier l’épuisement professionnel qui est une réalité pour ces travailleurs qui passent de longues heures, sans pause, seuls devant leur écran d’ordinateur. On peut déplorer également pour ces ouvriers du clic le manque de stabilité et de protection sociale. 

Loin d’être anecdotique, le microtravail est un phénomène qui concerne plus de 330 000 personnes en France. Pour le moment, le noyau dur représenterait seulement 52 000 travailleurs, les autres effectuant uniquement des missions occasionnelles. Néanmoins, ces microtravailleurs sont aujourd’hui aussi nombreux que les livreurs à vélo ou les chauffeurs VTC