Une baisse de motivation amplifiée par la crise sanitaire
Un sondage de l’IFOP, publié le 17 novembre 2022 pour la Fondation Jean Jaurès, explore l’évolution du monde du travail face à la diminution de la motivation et à la dégradation de l’état psychologique des individus. La crise sanitaire liée à la Covid-19 a radicalement modifié le rapport au travail pour une grande partie de la population française. Une étude récente révèle que 37% des actifs se disent moins motivés qu’avant dans leur travail, un chiffre qui grimpe à 46% chez les 25-34 ans. Cette perte de motivation est particulièrement marquée en région parisienne, où 41% des employés expriment un désintérêt accru pour leurs fonctions professionnelles.
Au-delà de l’espace de travail, cette tendance s’inscrit dans un contexte de fatigue généralisée : 41% des Français disent se sentir plus fatigués qu’avant la crise lorsqu’ils doivent fournir un effort physique. L’augmentation de l’épuisement psychologique est également notable, avec une hausse de 102% des consultations de psychologues entre 2020 et 2021. Cet état mental dégradé explique en partie la montée des arrêts maladie liés aux troubles psychologiques, qui représentent désormais 20% des absences professionnelles.
La quête de sens : un impératif personnel et professionnel
Les aspirations des Français envers leur vie professionnelle ont également évolué. Seuls 24% considèrent aujourd’hui le travail comme « très important » dans leur vie, contre 60% en 1990. Ce recul traduit une remise en question des priorités, où la quête de sens et l’équilibre personnel priment sur la recherche de statut ou de richesse. Ainsi, 61% des salariés déclarent préférer réduire leur revenu si cela leur permet d’avoir plus de temps libre.
Ce mouvement s’illustre également par l’essor du « quiet quitting », une tendance où les employés s’en tiennent strictement à leurs responsabilités sans aller au-delà, afin de préserver leur équilibre personnel. La « grande démission », phénomène d’abandon volontaire de postes, reflète aussi cette volonté de redéfinir les contours de la vie professionnelle.
L’impact du télétravail sur l’équilibre vie privée/vie professionnelle
Le télétravail, généralisé durant la pandémie, a bouleversé les habitudes professionnelles. Si certains y voient une opportunité de mieux concilier vie privée et vie professionnelle, d’autres déplorent une porosité accrue entre ces deux sphères. L’absence de délimitation claire entre le travail et les loisirs a entraîné un sentiment de surcharge pour de nombreux salariés, contribuant à une perception d’effort plus intense et à une baisse générale de la motivation.
Par ailleurs, le télétravail a mis en évidence des disparités générationnelles dans la manière de percevoir l’engagement professionnel. Près de deux tiers des moins de 35 ans se définissent comme ambitieux, alors que cette proportion tombe à moins de 50% chez les plus de 50 ans. Ces différences reflètent des attentes contrastées vis-à-vis de la vie au travail.
Éco-anxiété et nouvelles priorités
Les enjeux environnementaux jouent également un rôle croissant dans le rapport au travail. L’éco-anxiété, cette peur grandissante face aux conséquences du changement climatique, influence les choix de carrière et les comportements des employés. De plus en plus de professionnels cherchent des entreprises alignées avec leurs valeurs écologiques ou s’orientent vers des secteurs qui participent activement à la transition énergétique.
Les priorités des Français se tournent également vers le confort et la famille. 45% d’entre eux disent être régulièrement touchés par une « épidémie de flemme », les dissuadant de sortir ou de s’engager dans des activités exigeantes. Cette tendance est particulièrement marquée chez les 25-34 ans (52%) et les 35-49 ans (53%).
Conclusion : vers un avenir professionnel réinventé
La transformation du rapport au travail en France révèle des mutations profondes des attentes et des priorités. Si le télétravail et la quête de sens redéfinissent les contours du monde professionnel, des enjeux comme l’éco-anxiété et les disparités générationnelles ajoutent une complexité supplémentaire. Les entreprises devront s’adapter à ces changements pour rester attractives, tout en reconnaissant la diversité des aspirations individuelles.
L’étude de l’IFOP : http://www.ifop.com/wp-content/uploads/2022/11/Note-Les-Francais-leffort-et-la-fatigue.pdf