La mise au placard, ou placardisation, est un phénomène insidieux où un employé se retrouve progressivement exclu des activités principales de son entreprise, conduisant à un isolement professionnel et une dégradation du travail. Cet article aborde ce qu’est la mise à l’écart, comment la reconnaître, et surtout, comment y faire face.
Qu’est-ce que la mise au placard ?
La mise au placard désigne une situation dans laquelle un salarié est systématiquement évincé de ses responsabilités habituelles et mis à l’écart des décisions importantes au sein de l’entreprise. Ce phénomène peut survenir soudainement ou de manière progressive et peut toucher tout type de contrat de travail, qu’il soit à durée déterminée ou indéterminée.
Il ne faut pas confondre la mise au placard avec le bore out, qui concerne l’ennui chronique dû à un manque de tâches stimulantes. Dans une situation de placardisation, l’inactivité forcée est imposée par l’employeur qui cherche à isoler le salarié volontairement.
Les causes de la placardisation
Conflits avec la direction
Un conflit avec la direction peut être l’une des principales causes de la mise au placard. Lorsque des désaccords surviennent entre un salarié et ses supérieurs, ces derniers peuvent décider de l’isoler pour marquer leur autorité ou éviter toute confrontation future.
Cette stratégie d’évincement salarié peut parfois servir à pousser l’employé à quitter l’entreprise de son propre chef, évitant ainsi un licenciement laborieux pour l’employeur.
Retour de congé
Le retour de congé, tel qu’un congé parental ou sabbatique, peut également être une cause de placardisation. Lorsqu’un salarié revient après une longue absence, il peut trouver son poste modifié ou ses responsabilités transférées à d’autres collègues. Cela conduit souvent à une mise à l’écart non souhaitée.
L’incapacité de réintégrer efficacement le salarié après un congé soulève aussi des questions sur l’organisation interne de l’entreprise et sa capacité à gérer les absences prolongées de ses employés.
Mauvaise organisation interne
Une mauvaise organisation interne peut entraîner la placardisation involontaire d’un salarié. Parfois, un employeur peut ne pas savoir comment affecter des tâches pertinentes à un employé, surtout si ce dernier possède un profil atypique ou polyvalent.
Cette incapacité à exploiter les compétences du salarié peut conduire à une isolement professionnel sans intention malveillante, mais les effets n’en sont pas moins nuisibles pour la personne concernée.
Signes distinctifs de la mise au placard
Isolement social
L’un des signes les plus évidents de la placardisation est l’isolement social. Le salarié se voit exclu des réunions importantes, des discussions informelles et des événements sociaux organisés par l’entreprise. Cette isolation crée un sentiment de rejet et accentue la souffrance morale.
En étant écarté du collectif de travail, le salarié perd progressivement contact avec ses collègues, réduisant ses interactions sociales à minimum nécessaire pour accomplir ses tâches subalternes.
Retrait de responsabilités
Autre signe majeur : le retrait de responsabilités. Le salarié en placardisation se voit retiré de projets majeurs ou se voit attribuer des tâches subalternes sans lien avec son rôle ou ses compétences initiales.
Ce transfert injustifié de responsabilités démontre clairement une volonté de l’employeur de le marginaliser et pourrait constituer un cas de harcèlement moral selon le code du travail.
Effets psychologiques de la placardisation
Stress et anxiété
Subir une mise au placard engendre souvent des niveaux accrus de stress et d’anxiété. Le sentiment d’inutilité et de rejet ressenti peut fortement impacter la santé mentale du salarié, alimentant des troubles tels que l’insomnie ou la dépression.
Ces états émotionnels perturbants résultent de la perte de sens et de but professionnels, ce qui diminue considérablement la qualité de vie globale du salarié touché.
Baisse de l’estime de soi
Étant donné l’isolement et la diminution significative des responsabilités, la placardisation provoque souvent une baisse importante de l’estime de soi. Le salarié en vient à douter de ses propres compétences et à sous-estimer sa valeur au sein de l’entreprise.
Cette perte de confiance en soi peut avoir des répercussions durables, rendant difficile toute initiative visant à amorcer une nouvelle activité professionnelle ou rechercher un emploi ailleurs.
Comment s’en sortir ? Conseils pratiques
Solliciter le médecin du travail
Faire appel au médecin du travail est une première étape essentielle. Ce professionnel de santé peut évaluer l’impact de la situation sur la santé physique et mentale du salarié et proposer des démarches concrètes pour améliorer ses conditions de travail.
Le médecin du travail dispose également du pouvoir de recommander des aménagements spécifiques auprès de l’employeur afin de favoriser la réintégration effective du salarié dans son poste.
Alerter le DRH
Informer le directeur des ressources humaines (DRH) est crucial. Le DRH a la responsabilité de veiller au bien-être des employés et peut intervenir pour mettre fin à une situation de mise au placard en discutant directement avec les responsables hiérarchiques.
Documenter tous les faits pertinents liés à la placardisation renforce la crédibilité de la démarche et permet au DRH de prendre les mesures appropriées en toute connaissance de cause.
Consulter un avocat spécialisé en droit du travail
Si la situation persiste malgré les interventions internes, consulter un avocat spécialisé en droit du travail constitue une option judicieuse. Un avocat pourra évaluer la situation, conseiller sur les actions juridiques possibles et éventuellement accompagner le salarié devant le conseil de prud’hommes.
Cette voie légale permet de défendre les droits du salarié et de contester formellement toute forme de harcèlement moral ou de faute grave de l’employeur.
Stratégie de sortie
Diversifier ses compétences et enrichir son réseau professionnel peut également s’avérer efficace pour préparer une transition vers un nouvel emploi. Participer à des formations continues ou intégrer des associations professionnelles ouvre des perspectives nouvelles et valorise le profil du salarié.
Certaines situations de placardisation peuvent justifier une rupture conventionnelle du contrat de travail, encadrée par le code du travail, permettant de négocier les conditions de départ et obtenir une indemnisation juste.
Importance du soutien psychologique
Enfin, le soutien psychologique est indispensable. Faire appel à un psychologue ou suivre une thérapie peut aider le salarié à surmonter les impacts émotionnels de la placardisation et retrouver une attitude positive vis-à-vis de sa carrière professionnelle.
Parallèlement, l’évaluation régulière des opportunités professionnelles permet de maintenir une perspective optimiste et donne l’énergie nécessaire pour envisager un changement bénéfique.