Sobriété numérique en marketing digital, sommes-nous prêts ?

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Sobriété numérique en marketing digital, sommes-nous prêts ?

20 juin 2023

Selon Ericsson, la consommation mensuelle d'internet mobile des usagers est aujourd'hui de 10 Go. Elle pourrait grimper à 35 Go d'ici 2026, soit une augmentation de 250%. Et, à cette même date, un utilisateur sur cinq pourrait consommer 200 gigas de data.  Évidemment, c'est le streaming vidéo qui représente la plus grosse partie de cette consommation : 66% du trafic mobile. Une proportion qui pourrait grimper à 77% à l'horizon 2026. Coté web, 80% du trafic internet (toute machines confondues) vient de la vidéo (dont 20% de Netflix, 16% du porno, 13% de la Video Youtube, le reste pour le gaming, etc.) et là, on s’interroge sur l’usage. Car se sont autant de serveurs qui tournent en 24/7 et bien qu’optimisés, l’activité grandissante des data centers fait surtout face à la consommation massive qui déferle, avec un effet rebond déjà observé.

La sobriété numérique comme premier garde-fou des pratiques du marketing digital

Devenir numériquement plus sobre ? Le « marketing digital » a aussi sa part de responsabilité notamment, dans la production de contenus en vidéo et les pratiques de promotion numérique. Le marketing doit tenir compte de la consommation électrique de son activité en ligne. Considérer la pollution numérique des actions en Marketing Digital est aussi une manière de questionner notre activité professionnelle pour la rendre plus en phase avec l’éthique et le respect environnemental.

Dorénavant, l’enjeu du Marketing Digital est d’attirer des clients potentiels sur le site Web tout en préservant la planète. En effet, il s’agira de privilégier le qualitatif au quantitatif dans toutes les opérations marketing et d’alléger toutes les parties invisibles, coté serveur. Voici quelques suggestions :

  • En emailing, songez qu’un prospect préfère recevoir un email personnalisé qui lui est vraiment destiné plutôt qu’un email générique envoyé à 12 000 destinataires qu’il poubellisera immédiatement. Un emailing responsable devrait être envoyé à 200 personnes appartenant au même persona et devrait contenir du texte brut et des liens plutôt que des photos, des vidéos, ou des pièces jointes ultra consommatrices de bande passante et de stockage dans les serveurs. Le cloud n’est pas si green.
  • Il serait également judicieux de prévoir la fin de vie des posts et de les supprimer des réseaux sociaux datant de plus d’1 an par exemple, pour alléger les bases de données et les serveurs de stockage.
  • Le poids des livres blancs, des fiches produits, et autres contenus riches en images et videos déjà produits pourraient être réduits en poids et durée (2 minutes maximum).
  • Choisir un éco-hébergeur comme Interxion ou Infomaniak (si vous êtes limitrophe de la Suisse) est souhaitable. Interroger son hébergeur actuel sur les consommations électriques de vos machines pour savoir d’où vous partez, peut être un bon départ.
  • Trouver un CMS moins gourmand que WordPress. Si vous êtes sur le point de revoir votre site, c’est le moment d’étudier les solutions alternatives. Si vous restez sur WP, visez à réduire le nombre de plugins et optez pour un thème épuré, aux polices fines moins énergivores. 
  • Pratiquer la RGPD by design, c’est ne pas obliger les gens à créer des comptes pour se connecter au service, faciliter les processus de désabonnement, et chiffrer les données sensibles dans l’url.

La checklist des bonnes pratiques du web sont accessibles sur le site d’Opquast.

Attention à l’effet rebond si vous optimisez : cela ne vous donne pas le droit de produire deux fois plus !

La RSE comme second garde-fou des pratiques du marketing responsable

De même le « marketing digital responsable » doit s’imprégner de la RSE comme garde-fou dans les contenus proposés comme dans les pratiques de relances commerciales inappropriées :

  • Vertbaudet fait sa promotion pendant ce qu’ils appellent « la journée de la femme ». Or il s’agit de la journée internationale des droits des femmes et ils oublient que les hommes sont aussi des parents.

Résultat : la pub sonne comme un anachronisme.

  • Un restaurant propose de payer moins cher si vous affichez un nombre d'abonnés sur Instagram au-delà du millier (what ?) ou vous demande de rédiger des commentaires positifs alors que le menu est quelconque. Résultat : quel crédit accorderez-vous plus tard aux avis vérifiés ?
  • Vivre de la surcharge mentale permanente est inconfortable, la pub incommode de plus en plus de monde. Résultat, le taux d'utilisation des adblockers représente 30% des internautes. De ce fait, il devient difficile à de capter l’attention du consommateur, saturé de messages intrusifs.
  • Nos messages s’additionnent au bruit du web : fake news, mensonges, provocations, horreurs, donnent envie aux visiteurs de remettre tout en cause, y compris quand cela n’est pas utile. Résultat : il nous faut rédiger un argumentaire pédagogique, faire preuve d’honneteté et de transparence, sans en faire trop, un art subtil.
  • S’ajoute, le droit à la déconnexion votée en 2016 qui fait réfléchir à nos usages du numérique en général. Résultat : l’audience en ligne pourrait se réduire par personne et par jour en France comme les pays ayant voté une loi similaire. Il faudra donc en tenir compte à l’avenir.

Chassons nos mauvaises habitudes de salariés hyper-connectés

Voici quelques idées de sobriété numérique à mettre en pratique pour vous en tant qu’individu et salarié :

  • Apprenons à résister au renouvellement des smartphones ou des ordinateurs. Le taux de renouvellement d'un smartphone en France est estimé à 23 mois. Prenons soin de notre matériel et à réparer dans les Repair Café, toutes les villes en ouvrent.
  • Éteignons tous nos écrans durant la pause déjeuner pour prolonger la vie du matériel et la consommation électrique inutile. Cumulée sur l’année, la préservation de l’énergie sera aussi visible par le service financier.
  • Activons le mode avion dès que cela sauve notre temps de travail et de repos. Rappelons-nous que la distraction, la proximité et la multiplicité des ondes nuit à notre efficacité et à notre santé.
  • Nos messageries : ne répondez pas à TOUS dans les messages corporate, seulement aux personnes concernées. Oubliez définitivement les pièces jointes et supprimez de One drive ou de Teams, les documents de plus de 2 ans.
  • Le droit à la déconnexion devient une réalité pour les DRH et les DSI. Cela se traduit par une pause de communication en dehors des heures de travail. De même, aucun email ou coup de fil professionnel interne ne sera reçu par les collaborateurs durant leurs congés.

Bref, mettre en œuvre une forme de sobriété numérique et de réflexes RSE dans nos pratiques de marketing digital, nous demande des efforts, car nous avons acquis une extraordinaire expérience de l’informatique depuis deux décennies. C’est aussi durant ces 5 dernières années que la maturité du marketing digital a été acquise et que les outils se sont multipliés pour calculer les empreintes environnementales diverses et variées.

Nous les marketeurs du digital, qui passons notre vie devant les écrans, devons prendre conscience des effets de l’outil numérique sur nous-mêmes, comme des conséquences de nos communications sur l’empreinte environnementale. Le « magic numeric » ne l’est pas sur tous les angles. Car l’avenir nous demandera de proposer des opérations marketing pertinentes moins énergivores et plus éthique. Gardons notre créativité pour favoriser l’essentiel : faire savoir, aimer et agir positivement et non le faire avaler.