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La réunion de ces termes "Marketing et Social" semble à un oxymore qui a pourtant du sens. Ces techniques reposent sur la connaissance des publics, la segmentation, le ciblage, la mise en place d’actions sur le terrain en lien avec des partenaires (services, accès, réduction des freins, communication) et l’évaluation du programme de prévention en fin de mission. Tout ce qui compose les actions classiques du marketing finalement.
Le marketing social existe pourtant depuis 50 ans
Il fait passer un message pour modifier une habitude et donne matière à réflexion. Le pouvoir du marketing sur nos comportements quotidiens n’est plus à prouver. Les bénéfices de Coca-Cola, Apple, McDonald, Philip Morris, Procter & Gamble, comme des GAFAM, Ventes Privées, Leboncoin, le confirment sans ou avec Internet, l’influence est là.
Si les marketeurs orientent les comportements individuels grâce à des campagnes de communication radio, TV bien ficelées, Kotler et Zaltman avaient déjà perçu dès 1971 que ces mêmes techniques pourraient être mobilisées pour améliorer le bien-être de la société. Ainsi, le marketing social ne se confond pas à la communication (digitale ou non), il s’agit plutôt de psychologie cognitive.
Ce type de marketing est d’abord utilisé par 3 types de professionnels :
Le marketing social ne se rapproche pas de la communication institutionnelle, car il officie pour l’amélioration de la santé publique. Il n’agit pas comme un outil de valorisation mais de changement de comportement pour le bien commun et non pour développer le chiffre d’affaires. En effet, la médecine est pourtant devenue redoutablement scientifique et dangereusement mercantile. Il lui arrive de jouer avec la santé humaine et psychique par ses prouesses techniques et technologiques.
Sans dénigrer les progrès réalisés et son efficacité, Philippe van Meerbeeck et Jean-Pierre Jacques, médecins ne cessent d’alerter étudiants et soignants à garder une meilleure lecture de la relation avec les patients - loin des discours commerciaux à peine voilé - émergent des éprouvettes, des scanners et des cotations en bourse de l’industrie biomédicale.
Le marketing social fait partie du paysage de la santé publique avant tout. "La notion de santé et de bien-être est devenue centrale, il devient impératif de réfléchir au marketing social comme une approche exprimant des valeurs explicites de santé publique". Laurent Chambaud, Marketing Social 2019 - Presses de l’Ecole des Hautes Etudes de Santé Publique.
Tout changement a un prix. Le « prix psychologique » est le temps additionné de l’effort nécessaire pour s’instruire comprendre, intégrer, accepter avant d’agir. C’est pourquoi, le "prix à payer" pour changer de comportement est plus élevé que la valeur marchande. L’enjeu du marketing social est de « faire arriver les gens à maturité » AVANT de prétendre pouvoir changer leurs habitudes.
Démonstration ? Les psychologues Prochaska et DiClemente ont observé des patients fumeurs durant les années 1982,1988,1992 et le changement intentionnel de comportement a invariablement lieu en 5 étapes :
Ce modèle est un classique en psychothérapie, chaque étape correspond des interventions dédiées. Dans un premier temps : sensibilisation, information, confrontation à la réalité, mise en perspective interpersonnelle, clarification des valeurs, des attentes, du besoin d’encouragements. Puis, à partir de la phase 3, les exercices, la pratique de l’apprentissage et l’expérience permettent d’ancrer le changement. On ne compte pas les mois, voire les années, entre le début et la fin. Mais il y a des déclics qui raccourcissent ce temps.
Si le marketing social peine à s’implanter en France c’est avant tout par la méconnaissance de cette discipline et par la méfiance réservée au marketing. Les citoyens savent intervenir en faveur de leur santé ou de leur environnement et se retournent contre ceux qui ne s’y opposent. Le Marketing social est une discipline des plus difficiles à exercer.
Mais pourquoi un enjeu de bien commun ne serait-il réservé qu’au secteur de la Santé, du Service Public et aux ONG ? Pourquoi cantonnerait-on les entreprises à des actions purement mercantiles ? Alors que dans le même temps la RSE introduit la notion de CARE ?
C’est le vocabulaire qui change, en marketing social on parle de "Programme de prévention" et "non de campagne de communication". Or, depuis 2019 agences et consultants se positionnent sur le sujet parce qu’il donne du sens. En effet, le marketing social permet d’aborder la notion de "CARE" : le concept du don et du soin porté à l’autre de manière désintéressée. Le CARE inspire les actions des entreprises entrant dans une démarche RSE sérieuse et engagée. Cela renforce la pharmacovigilance, l’obligation de transparence et de sincérité des Services de Communication et beaucoup de retenue et de sens de l’éthique.
Aussi, pour créer une valeur et un sens à des activités économiques supérieures à ce qui existe déjà, il faut engager tout l’éco-système de l’entreprise. Afin de vous donner des pistes et des méthodologies de travail, il existe des organismes spécialisés comme le SMANA aux USA, ESMA en Europe, la Social Marketing Association.
En France s’est récemment crée l’Institut du Marketing Social. Rencontrez-les ;-).