La télémigration ou l'évolution extrême du télétravail

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La télémigration ou l'évolution extrême du télétravail

13 novembre 2023

La crise sanitaire a eu pour effet de rendre banale la notion de télétravail autrefois réservée à des secteurs extrêmement particuliers de l'entreprise. Beaucoup d'employeurs, face à cette situation ont pris conscience que nombre de tâches de leurs salariés pouvaient être réalisées à distance sans nécessité absolue de se rendre au bureau.

Sur ce constat, une nouvelle tendance, qu'on pourrait qualifier de dérive, se fait jour : la délocalisation virtuelle ou "télémigration". Ce terme désigne une externalisation géographique des employés pour des tâches n'impliquant pas la présence physique dans les entreprises. En d'autres termes, employer à l'étranger des personnes pour des postes dont la présence physique n'est pas indispensable. Bien évidemment, cette externalisation dans des zones géographiques où les salaires sont inférieurs n'est pas sans revêtir une opportunité financière décisive.

La télémigration, un phénomène déjà existant

En juin dernier, un rapport de la COFACE intitulé : "Télétravail : les risques et les opportunités de la délocalisation virtuelle" est venu matérialiser ce risque de télémigration en prévenant que "la délocalisation virtuelle à grande échelle pourrait devenir une source de risque politique". Les rapporteurs de cette étude indiquent que, dans la situation actuelle d'endettement des entreprises, celles-ci "auront plus que jamais du mal à devenir compétitives en termes de coûts. Une option consistera à intensifier la délocalisation des services et des activités à forte intensité de connaissances vers des pays où le coût de la main-d'œuvre est moins élevé".

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Les centres d'appel de nombreuses entreprises avaient déjà emprunté cette voie et nous les utilisons chaque jour en le sachant ou non. Mais, selon nombre d'économistes, l'accélération du phénomène ne vaqu'être exponentielle d'une part mais surtout ne plus seulement se circonscrire à des tâches peu qualifiées. En effet, la télémigration aurait vocation à impacter désormais des emplois à plus grande qualification.

Une nouvelle phase de la mondialisation serait donc en marche. Richard Baldwin, économiste américain, écrit dans son livre "The Globotics Upheaval" que, dans les années à venir, ce sont les "cols blancs" qui seront touchés par le phénomène. Selon ses analyses, cette forme de délocalisation concernera rapidement les cadres intermédiaires voire supérieurs du secteur des services en Europe et aux États-Unis. 

La télémigration, un mouvement inéluctable ?

L'étude COFACE confirme les prédictions de Baldwin en affirmant que "plus une économie est basée sur des activités de services qualifiés, plus sa main-d'œuvre est susceptible de travailler à distance". Il est en effet facile de se rendre compte que les bénéfices financiers de cette délocalisation du travail seront d'autant plus importants si le salaire du salarié local remplacé est important… Un cercle vicieux pourrait ainsi s'installer dans le monde du travail car, en parallèle, la qualification des travailleurs au sein des pays émergents, ne cesse de croitre. Il devient donc tout à fait réaliste de confier des postes à grande compétence à des salariés délocalisés.

Les annonces faites par nombre de multinationales américaines préfigurant une multiplication du nombre de télétravailleurs doivent s'entendre comme participant à ce phénomène. Il est en effet difficilement envisageable de croire que tous ces télétravailleurs seront américains ou européens.

De plus l'évolution de l'outil numérique et sa diffusion planétaire offre des possibilités de délocalisation inédites : plus aucuns freins techniques ou presque à cette externalisation n'existent…

De surcroit, dans certains pays développés, et la France en est un exemple frappant, les difficultés de recrutement auxquelles sont confrontées les entreprises pourraient encourager le développement de cette pratique.

Depuis des années, nombre d'entrepreneurs s'inquiètent de cette situation et la solution pourrait résider, pour certains, dans le fait de proposer ces emplois non pourvus à des travailleurs dans d'autres pays.

Le mouvement semble donc, pour certains économistes, inéluctable mais tous ne sont pas d'accord sur son ampleur et sur sa durée. En effet, le besoin de plus en plus affirmé de la clientèle pour une personnification et une incarnation physique de la notion de service pourrait nuancer cette transformation. Ensuite, il apparait comme peu probable, pour des raisons organisationnelles, que ce phénomène intervienne dans un délai très court car les conséquences juridiques et légales demeurent des freins puissants auxquels les entreprises vont devoir s'adapter.

Enfin une telle transformation ne peut s'entendre sans prendre en compte ni anticiper les répercussions géopolitiques que celle-ci va engendrer et auxquelles elle va devoir s'adapter. Parier sur un tel bouleversement engendrera des répercussions dont les effets géopolitiques sont difficilement envisageables à l'heure actuelle.