Loi de Carlson : le temps de l’interruption au travail

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Loi de Carlson : le temps de l’interruption au travail

21 décembre 2021

Au travail, les interruptions nuisent considérablement à la productivité. Un phénomène décrit par la loi de Carlson, ou loi des séquences homogènes. Comment se tenir à l’écart de ces distractions et de ce temps perdu qu’on ne rattrape plus ?

Mails, notifications, collègues… Les sources possibles de distraction au travail ne manquent pas. De telles interruptions, en apparence bénignes, peuvent cependant s’avérer plus chronophages que prévu. Voire générer du stress.

Qu’est-ce que la loi de Carlson ?

Également appelée « loi des séquences homogènes », la théorie doit – comme toujours – son nom courant à son inventeur. En 1951, dans son livre Executive behaviour, l’économiste suédois Sune Carlson décrit l’influence néfaste des interruptions dans un cadre professionnel. Selon lui, « tout travail interrompu sera moins efficace et prendra plus de temps que s'il était effectué de façon continue ». Et ce, en raison du constat suivant : « Le temps perdu à cause de l'interruption d'une tâche est supérieur au temps de l'interruption. »

Notons que la loi de Carlson n’est pas seulement empirique. Des recherches ont en effet été conduites pour étudier les conséquences des interruptions au bureau. Ainsi, dans une interview au magazine américain Fast Company, Gloria Mark, professeure au département informatique de l'université de Californie à Irvine, expliquait qu’il fallait en moyenne 23 minutes et 15 secondes pour se remettre au travail après avoir été interrompu(e).

Et les effets ne se mesurent pas que sur le temps. Gloria Mark a ainsi mené, avec deux chercheurs de l'université Humboldt de Berlin, une étude sur « le coût du travail interrompu ». Et certains résultats paraissent contre-intuitifs : les tâches morcelées seraient réalisées plus rapidement que celles effectuées en continu. En revanche, les niveaux de stress, de frustration et d’efforts ressentis sont nettement plus élevés en cas d’interruption. D’après les auteurs, l’explication viendrait des mécanismes mis en place par les employés interrompus pour travailler plus vite après la coupure, au détriment de leur bien-être.

Ne pas confondre interruption et pause

En fin de compte, la loi de Carlson n’adresse qu’une partie du problème. Non seulement les interruptions pèsent sur la productivité, mais elles peuvent également menacer l’épanouissement professionnel.

Cela ne signifie pas pour autant qu’il faut travailler de manière continue, d’un bout à l’autre de la journée. Il convient, au contraire, de distinguer les interruptions – non sollicitées – des pauses délibérées, nécessaires pour s’aérer l’esprit. Si les premières sont généralement dommageables, les secondes restent donc indispensables.

Quels enseignements tirer de la loi de Carlson ?

Puisqu’un travail interrompu prend plus de temps, il est donc préférable de limiter au maximum les sollicitations extérieures. Ce qui n’a rien d’évident en pratique… Néanmoins, quelques bons réflexes permettent de préserver sa concentration, à commencer par la désactivation des notifications non essentielles sur son téléphone. De même, il peut être conseillé de ne consulter ses mails que deux fois par jour, afin d’éviter de perdre régulièrement du temps.

Quant aux interruptions provoquées par ses collègues, il n’est pas évident de s’en éloigner sans paraître désobligeant(e), surtout dans un open space. Il est toutefois possible de prévenir ses voisins de bureau lorsque l’on souhaite rester concentré(e) sur une tâche importante. Une pratique qu’il peut être utile de répliquer à domicile, auprès de ses proches, le télétravail étant désormais courant.

Cependant, les interruptions ne viennent pas toujours de l’extérieur. Il convient également de prendre garde aux « distractions internes », ces pensées vagabondes susceptibles de détourner l’attention. À cet effet, il peut être judicieux d’éviter le multitasking, ou multitâche. Il s’agit alors de plutôt se focaliser sur une tâche à la fois et de la terminer avant d’en entamer une autre. Un moyen d’éviter de se disperser.

Des interruptions bénéfiques ?

Ces « bonnes pratiques » peuvent aider à optimiser sa productivité. Mais le travail n’est pas qu’une affaire de rendement et d’efficacité. La question du bien-être professionnel reste primordiale. Ces méthodes ne représentent donc pas une solution miracle et ne conviennent certainement pas à tous. Par exemple, il peut être difficile de maintenir sa concentration sur un seul sujet sur une longue période. À l’inverse, certains collaborateurs sont plus efficaces en multipliant les projets, évitant ainsi la routine. De même, le « monotâche » ne s’adapte pas forcément à toutes les situations, en particulier celles nécessitant de la créativité, qui se nourrit souvent du foisonnement des idées et des distractions. L’essentiel reste donc de connaître les clés de son bien-être et d’adapter son emploi du temps à son propre fonctionnement. Une démarche qui profite aussi bien aux individus qu’à l’entreprise : un salarié épanoui est généralement plus productif qu’un employé malheureux.